Ce premier roman de l’auteur tourne autour d’un trio de vampires modernes atypiques, et c’est le moins que l’on puisse dire. Aussi éloignés du Nosferatu traditionnel à la Bram Stoker que du fantasme idéalisé du Héros romantique popularisé par la vague récente de fantasy urbaine, Holstein nous propose une réinterprétation très libre du mythe du vampire.
Ceux-ci ne présentent aucune des caractéristiques classiques, pas même la soif de sang. A la place, l’auteur en fait des parasites, qui se nourrissent des émotions de leurs victimes. C’est là une idée passionnante qui n’est malheureusement que peu exploitée.
Les personnages sont par contre plus élaborés : Eugène (rien que le prénom, déjà, fait très « Belle Epoque »), un petit malfrat qui se laisse vivre confortablement en délestant ses riches victimes du tiers de leur fortune (jamais plus, car c’est la partie que les riches contribuables fraudent au fisc !), Grace, sa maîtresse occasionnelle qui vit de ses charmes, et Slawomir, le mentor/clochard de la bande.
Eugène, le narrateur, nous livre ses observations gentiment cyniques sur la vie, les Parisiens, la police, les femmes et la société en général. Souvent fort drôle, le style argotique employé est assez irrésistible et donne envie de le suivre tout au long d’une intrigue joyeusement feuilletonesque, de plus en plus absurde, qui culmine dans un final « hénaurme » et grandguignolesque à souhait.
Choix volontaire de l’auteur : on sent qu’il a surtout voulu se faire plaisir en s’amusant à embarquer le lecteur autour d’une course poursuite dans un Paris paradoxalement ancré dans le réel et plutôt bien croqué.
Selon l’humeur, le lecteur pourra ainsi se laisser entraîner dans cette folle sarabande, qui pourrait être issue d’un délire éthylique imaginé par un Slawomir en grande forme, ou être rebuté par le côté invraisemblable de la chose.
Sans se prendre au sérieux, Petits arrangements avec l'éternité permet au final de se procurer un très agréable moment de détente sans prétention ce qui, pour un premier roman, n’est déjà pas si mal !
— JohnDoe