La Malédiction d'Old Haven nous avait dévoilé un monde riche et plein de promesses. Des tours de Gotham au monde des Profondeurs, Mary nous entraînait à sa suite et nous l'avons suivi avec un plaisir non dissimulé. Le Maître des Dragons nous plonge à nouveau dans cet univers fascinant sans néanmoins choisir le chemin de la facilité. En effet, plutôt que d'offrir une suite ou une préquelle à son récit, Fabrice Colin a opté pour une réécriture en miroir des évènements s'étant déroulés lors du premier opus. Donnant la parole à Thomas Goodwill, nous découvrons Mary à travers son regard, même si ce nouveau récit démarre bien avant la naissance de cette dernière, lorsque Thomas lui-même n'était qu'un enfant.
L'histoire de Thomas Goodwill, tout autant que celle de Mary, est une quête, un défi au monde. Thomas Goodwill est un pirate, un amateur d'art, un dresseur de dragons et un aventurier. Il aura plusieurs vies avant de trouver celui qu'il est réellement. Alternant les évènements récents et les contes de sa jeunesse, Thomas rédige sa vie sans concession offrant au lecteur le portrait d'un homme complexe, ravagé par la trahison. Un homme dur, qui peut s'avérer cruel tant sa souffrance intérieure est grande.
Mettant en scène un panel de personnages attachants, détestables ou fascinants, Le Maître des Dragons offre au lecteur des personnages hauts en couleurs qui, comme Abigail Justice ou Dorchester, resteront dans les mémoires. Comment oublier Abigail et ses chats ou Dorchester, prêt à tout donner pour la Vérité dans un monde balayé par les ravages de l'Obscurantisme. Les pirates sont également très présents tout au long du récit et l'on se prend à rêver d'escales ensoleillées et d'une vie de forbans, voguant en toute liberté sur les mers. Le Maître des dragons est un récit d'aventures qui nous entraîne au cœur de combats à l'épée flamboyants, de parties de carte qui dégénèrent, de combats entre les dragons et les ornithoptères et d'attaques navales épiques.
Fabrice Colin maîtrise totalement son univers et son récit de bout en bout. Chaque livre est indépendant et complète l'autre sans pour autant empiéter sur l'intrigue. Ainsi, même sans avoir lu La Malédiction d'Old Haven, le lecteur peut sans crainte se plonger dans les aventures de Thomas Goodwill. L'écriture en elle-même est soignée, élégante et toujours aussi intense. La fureur des sentiments et la richesse de l'intrigue font du Maître des dragons une vraie réussite. N'hésitez pas à vous lancer à l'abordage !
— Alethia