Les 4èmes de couverture s'avèrent souvent un exercice difficile, car c'est parfois uniquement là-dessus que sera jugé un achat potentiel. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces courtes présentations de roman ne donnent pas toujours envie.
C'est malheureusement un peu le cas ici, où le lecteur lambda aura l'impression de découvrir un énième roman de High Fantasy, à la croisée des chemins entre un Gemmell et un Feist, à l'image d'une phrase de conclusion déjà vue cent fois, si ce n'est pas mille. Difficile donc de s'enflammer en parcourant cette 4ème de couverture.
Mais il serait dommage d'en rester là, car nous avons droit là un roman plutôt plaisant, et qui se veut en tous les cas volontaire et ambitieux. Une chose est sûre d'ailleurs, le propos et l'histoire sont carrés, bien établis, ordonnés, sans faute de goût ou d'exécution majeure. Les discussions dont le propos est avant tout d'éclairer le lecteur sont parfois un peu voyantes, mais ne déservent pas pour autant le propos. On suit les péripéties de personnages éparpillés appelés à se croiser avec une certaine attention, et l'auteur nous propose une galerie de portraits, qui, sans se révéler follement originaux, tiennent bien la route.
De même, le monde imaginé, lui non plus sans se montrer particulièrement envoûtant ou innovant, paraît suffisamment solide pour abriter de telles aventures, cherchant progressivement à accentuer leur aspect épique. De quoi voir loin ? Difficile encore de se prononcer avec certitude, mais cette trilogie annoncée ne devrait pas dépareiller dans vos étagères si l'auteur conserve la même constance.
Cela dit, cette constance a également tendance à endormir un peu le lecteur, malgré la présence de scènes censément choquantes, ou dérangeantes, le style appliqué mais plutôt neutre n'aidant pas forcément à nous faire vivre l'histoire, ou bien ressentir réellement les dilemmes posés. Il manque sans doute un soupçon de folie, de passion, ou de situations réellement originales pour nous convaincre pleinement.
En somme, une lecture solide, comme une dissertation de bon élève, mais qui manque malgré tout de piment pour réellement se distinguer.
— Gillossen