Critique de Zébulon
Rhapsody est le premier volume d'une trilogie. Et quel volume ! C'est à une aventure avec un grand A que nous convie Haydon. Si certains éléments, tels les Lirins, peuvent nous sembler familiers (tiens des Elfes ?), le traitement est quant à lui assez original. Certes, il y a une grande partie de l'histoire réservée à la mise en place, c'est inévitable, mais une fois cela fait, le lecteur est pris par l'action découpée rythmée par la musique qui se dégage de l'œuvre (Pourquoi ça s'appelle Rhapsody à votre avis ? L'auteur l'explique en quatrième de couverture). Haydon a su créer une histoire originale et des personnages vivants et crédibles. On se souviendra longtemps d'Achmed le serpent, Rhapsody est le personnage le plus attachant, avec sa naïveté, et son affection des autres, Grunthor est le stéréotype même du guerrier au grand cœur. Ils rappelleront sûrement des personnages d'autres œuvres, mais on s'attache à leur pas pour suivre leurs aventures. On est captivé dès le prologue ("Quel est son rapport avec le reste ?" vous demanderez-vous. "Patience", répondrais-je.) Et une fois le livre refermé, on attend la suite avec impatience et la réponse à la question : "Mais à quoi joue ce Meridion ?" Pour conclure, c'est une œuvre efficace qui intéressera sûrement les amateurs de Jordan et Eddings (j'en suis et j'ai adoré). Le premier tome n'est qu'une introduction, la suite s'avère encore mieux. Le deuxième tome Prophecy est sorti en grand format et le troisième Destiny est annoncé pour le mois d'août. Publié aux Editions TOR aux USA.
Critique de Gillossen
Je ne remercierais jamais assez notre camarade Zébulon pour m'avoir fait découvrir ce roman, et son auteur. Au départ, sans être sceptique, j'attendais tout de même de pouvoir juger par moi-même. Et je n'ai pas été déçu ! L'adjectif qui conviendrait le mieux à ce livre, c'est foisonnant. De personnages, de lieux, d'idées… Du début à la fin, on est vraiment pris par l'intrigue. Elizabeth Haydon a une grande force, c'est de faire sortir ses créations de ses pages. Que ce soit Achmed, ténébreux et cynique, Jo, Grunthor, ou bien sûr, Rhapsody, ils donnent tous l'impression d'être vivant. Surtout cette dernière, évidemment. Jamais peut-être il n'a été aussi logique pour un roman de porter le nom de son personnage principal. La jeune femme rayonne de page en page, c'est un vrai plaisir, des plus réjouissants. De plus, vous serez donc perpétuellement surpris, en éveil de la prochaine piste empruntée par le livre. Entre un ennemi que l'on croit avoir à suivre et qui disparaît bien rapidement, un autre personnage qui n'apparaît que sur le tard mais qui prend déjà une importance certaine, des thèmes à exploiter par dizaines, des destins toujours déjoués, des sauts dans le temps, de terribles menaces… Vous ne verrez pas passer les plus de 600 pages de cette histoire ! Et même si vous aviez besoin d'un dictionnaire à côté de vous. Le style quant à lui est riche, très agréable. Et soutenu par un humour à toute épreuve, parfois égrillard, parfois d'une délicieuse ironie… Toutefois, la perfection n'étant pas de ce monde, on peut regretter l'usage d'un ressort narratif agaçant, ou de trop longues pages d'explications. Les présenter sous forme de dialogue est louable, mais maladroit. Mieux aurait valu coupé court, tant pis… Au final, un roman extrêmement solide, qui augure d'une trilogie grandiose, et qui d'ailleurs contrairement à bien souvent, bien que le début puisse paraître faire "fleur bleue", n'hésite pas à donner une épaisseur à la chair, qui apporte une touche âpre, ardente, et sombre, à un roman déjà plutôt orienté adulte.
— Zebulon