Savamment portée par son éditeur, la première trilogie de Trudi Canavan avait connu un beau succès en France. Et la voilà qui revient avec la même formule, avec le premier tome d'une nouvelle trilogie proposée dans une édition cartonnée très soignée qui attire immédiatement l'oeil des lecteurs potentiels dans les rayons.
Dès les premières pages, on retrouve d'ailleurs très vite le ton caractéristique de l'auteur, qui confirmera rapidement par la suite que sa plume n'a guère changé. Toutefois, le rythme, quant à lui, est bien différent, beaucoup plus lent. Trudi Canavan a visiblement pris le parti de tisser sa toile fil par fil, quitte à perdre quelques lecteurs en route. Il faut toutefois espérer que ce soin apporté au background de ce nouvel univers – notamment dans le cadre de la magie et des petites touches d'originalité qui le parsèment – prenne tout son sens par la suite. Pour l'instant, on ne peut lui reconnaître « que » de bonnes idées et autres concepts bien agencés dans le cadre du récit, sans pour autant nous faire vraiment vibrer, si ce n'est dans le dernier tiers du roman, qui semble enfin se hisser à la mesure de nos attentes. Si de nombreuses interrogations demeurent après avoir terminé cette copieuse lecture, n'oublions pas justement qu'il s'agit d'un premier tome.
La trilogie du Magicien Noir pouvait compter pour sa part sur des personnages avant tout très vivants, sans doute ce dont on se souvenait le mieux au final, et une légère déception est de mise dans le cas présent sur ce plan. Si les protagonistes de ce nouvel opus affiche une certaine maturité que n'avaient pas leurs prédécesseurs, Auraya, en premier lieu, reste pour le moment un peu falote, tandis que certaines de ses réactions nous empêchent de nous attacher véritablement à elle et à travers elle à son destin.
Reste, comme dans le cas du premier tome de sa première trilogie, un roman sympathique et bien mené, qui ne devrait avoir aucune peine à convaincre d'emblée celles et ceux qui apprécient déjà cet auteur.
— Gillossen