Sympathies for the devil – Redux est la réédition du premier recueil de nouvelles de Thomas Day. Le livre a subi quelques modifications : une nouvelle initiale a été supprimée, et deux autres ont été ajoutées. L'auteur a également réécrit certains passages, éliminant quelques tournures bancales. Sa volonté était de présenter une version plus mature, plus aboutie.
Six nouvelles ou novellae, aussi différentes sur le fond que sur la forme si ce n'est qu'elles tournent toutes autour de la fin du, d'un monde. Parfois on devine cette apocalypse poindre à l'horizon, d'autres fois il s'agit de lui survivre... Inutile donc de vous attendre à une critique uniforme pour cet ensemble. Les genres en eux-mêmes sont tellement différents, on passe sans transition de la fantasy décadente de Morcook au cyberpunk en faisant un petit crochet par ce qui pourrait "presque" être un reportage télévisé. On est bien loin de la Fantasy classique, préparez-vous en conséquence.
Ceux qui connaissent Thomas Day savent qu'il possède un style assez particulier : mélange de poésie, de raffinement, de cruauté, d'érotisme. Ses œuvres font réagir, elles forcent à aimer (ou à détester) l'homme. Le format court de la nouvelle pousse cet état de fait au paroxysme créant une suite de textes encore plus percutants que d'ordinaire. Pas de temps mort, on rentre directement dans l'action, on la quitte alors qu'elle n'est pas encore terminée. On pourrait presque croire à une œuvre crue, mal dégrossie. L'impression est voulue, maîtrisée par l'auteur, elle aide à la crédibilité du thème principal.
Et pourtant quel que soit le désespoir de la situation, il subsiste une petite part de magie symbolisée par la beauté, le calme, l'amour, ou la liberté... Elle équilibre le texte, apporte une touche d'espoir au sein de la noirceur ambiante. Et surtout elle renforce le contraste pour créer des nouvelles marquantes dont le souvenir ne s'efface pas volontiers.
A strictement parler, ce recueil n'est pas à réserver aux aficionados, à ceux qui lisent tout ce qui sort des sentiers battus. Il n'empêche qu'il vaut mieux être prévenu, ne vous attendez pas à quelque chose de standard. La construction même de l'œuvre pourra en rebuter certains, ainsi que les sujets traités. Cela n'enlève rien cependant à la qualité de l'écriture de Thomas Day.
— Luigi