Certains de nos lecteurs adeptes de la VO connaissent peut-être déjà cet ouvrage, puisque la propre maison d'édition de Charles Vess l'a publié il y a déjà quelques années, et réédité plusieurs fois depuis... Mais en ce mois de novembre, le voilà qui paraît cette fois chez le prestigieux éditeur Tor, dans une version augmentée et révisée, dotée de 50 pages supplémentaires, proposant 4 histoires inédites.
Outre les auteurs déjà cités, on peut ajouter Elaine Lee pour sa relecture de Tam-Lin ou le Daemon Lover de Delia Sherman. Mais ce qui relie tous ces contes les uns aux autres, outre leurs origines évidemment, c'est bien sûr l'apport des dessins de Charles Vess, tout simplement magiques.
Qu'il s'agisse d'illustrations noir et blanc, ou bien mises en couleur, la patte de Vess, douce et matinée de mystère, n'est jamais trahie par l'impression, parfaite. En fait, l'art de Charles Vess n'est qu'une autre façon de chanter ses anciennes ballades, leur donner une nouvelle vie, à travers une approche picturale qui fait passer elle aussi bien des émotions, nous touchant comme le ferait un elfe perdu de nos jours dans un pub irlandais, voix et instruments remplacés par mots et dessins...
Pouvoir ensuite comparer ses interprétations avec les textes originaux se révèle une initiative passionnante, nous permettant de découvrir quels angles ont privilégié tel ou tel auteur, face à des contes qui souvent demeuraient neutres.
Attention toutefois : il n'est pas question ici de ballades fleur bleue, ou le gentil prince se marie avec la jolie princesse à la fin... Les amateurs de ce folklore doivent déjà savoir que la dimension crépusculaire et tout simplement noire est bien présente. Charles de Lint et l'histoire de ces deux corbeaux dévorant un cadavre peuvent en témoigner !
La discographie présente en conclusion évite de plus un impair, celui de lister uniquement des interprétations traditionnelles, et s'ouvrant là aussi à des versions plus modernes. Et si l'on cite la conclusion, un petit mot également sur la très intéressante introduction de Terri Windling, qui revient précisément sur le thème de l'emploi de telle ou telle ressource pour aboutir toujours au même but, nous narrer un récit du mieux possible...
A ce petit jeu, difficile de distinguer une ballade plutôt qu'une autre, d'autant qu'elles n'appartiennent jamais vraiment aux auteurs cités ici... Et chacun d'eux se permet plus ou moins de liberté avec le matériau d'origine, les illustrations respectant toujours ce choix et s'harmonisant avec bonheur.
Notons qu'en 2001, l'éditeur Bulle Dog avait publié une version française de Ballades et Sagas, l'une des précédentes moutures, aujourd'hui épuisée. L'occasion peut-être avec ce Book of Ballads, de mettre la main sur la version ultime, d'autant que l'anglais ne constitue pas vraiment un handicap.
— Gillossen