Comme le titre de ce troisième tome l'annonce, cette fois l'histoire est beaucoup plus centrée sur la guerre entre les medrucks orientaux et les ramusiens de l'Ouest alors que le périple d'Hawkwood est complètement mis de côté. Sur ce point d'ailleurs, la dernière partie du résumé est trompeuse car en réalité moins de deux pages font référence à ce dernier.
Cependant, le cycle ne baisse pas en qualité, loin de là, et s'offre même le luxe de renforcer l'intérêt en introduisant des éléments nouveaux tout en se centrant sur certains personnages des plus charismatiques.
C'est avec plaisir que nous assistons à la lente évolution du colonel Corfe au gré de ses batailles, ou à celle du moine Albrec alors que le doute le ronge de plus en plus. De même, l'approfondissement des personnages d'Isolla et de la reine Odélia, laissées de côté jusque là, permet de mieux apprécier la richesse de la galerie de personnages féminins qui nous est offerte. A l'inverse, la caricature transparaît dans le traitement de certains personnages comme le roi de Torunnie ou son état-major, mais même cela ne diminue pas la qualité du récit.
Le lecteur se surprend à se prendre de passion pour les combats livrés entre les deux races ennemies, si dissemblables mais si peu manichéennes (sauf dans le tome 1), alors que les implications politiques se révèlent tout aussi intéressantes. Et toujours en arrière-plan nous retrouvons la menace diffuse venue du continent occidental, habilement distillée par indices au fil du récit pour mieux confondre le lecteur.
Les temps morts sont très peu nombreux, les passages inutiles encore moins et tout s'enchaîne avec fluidité pour former un excellent troisième tome qui ne peut que confirmer l'engouement pour ce grand récit de high fantasy.
— Gillossen