La lecture de la fin de ce diptyque plein de sang et de fureur ne nous amène pas à une apothéose telle qu'on pouvait l'espérer dans le premier tome. Mélange ambigu d'excellents points et de plusieurs bémols, il est difficile de se faire une idée tranchée sur l'ensemble de l'œuvre.
Ainsi, les personnages principaux mis en valeur avec finesse dans le premier tome ne nous déçoivent pas et conservent leur aura charismatique qui fait littéralement vivre le récit. Entre la Reine Vierge qui fleure bon la brûlure du combat, l'impassible Guerrier Solitaire qui apparaît comme la voix de la sagesse ou encore le caractère atypique du héros qui nous semble dépassé par les événements, il est difficile d'avoir une préférence tant leur personnalité est intéressante et complémentaire. De plus, les scènes de combat conservent la force et la vivacité qui les caractérisaient avec des massacres à grande échelle, des affrontements stratégiques passionnants et des combats singuliers de qualité. La qualité descriptive de ces moments forts est incontestable et permet à l'auteur d'enchaîner les scènes d'action sans sourciller, de manière fluide.
Néanmoins, cette omniprésence de l'action caractéristique de l'heroic fantasy laisse moins de place que dans le premier tome pour développer une intrigue de fond conséquente et un monde riche en nouveautés. Les germes du confit sont peu explicités et le caractère guerrier à outrance des "barbares" me semble par moments bien trop manichéen. De même, il faut aussi souligner la déception qui accompagne la lecture des dernières pages où l'histoire trouve un terme réel. En effet, la fin reste prévisible avec le caractère très œdipien de la destinée des personnages principaux qui sont tous entraînés inéluctablement dans les horreurs de la guerre de manière a priori artificielle. On espère un rebondissement, un coup du sort imprévu pour nous surprendre, mais las, il n'arrive pas.
Le Sacrifice du guerrier, tome 2 clôt proprement le récit entamé, sans fioritures excessives, en nous promettant de grands moments et une lecture rapide et agréable. De bonne facture, il ne parvient cependant pas à sortir complètement du lot des récits d'heroic fantasy.
— Belgarion