L’Ombre du savoir perdu nous entraîne dès les premières pages vers une recette bien connue : surabondance de noms et de termes pour amener le dépaysement le plus total, jeune héros incapable de se sentir à sa place et amis fidèles pour l’épauler.
Mais comment raconter l’histoire d’un monde en reconstruction ? Suite à une guerre que Davian le jeune héros n’a pas connu puisque se déroulant avant sa naissance, la société même a changé : les Talentés (équivalents de sorciers) sont désormais soumis à des Préceptes les empêchant de faire du mal aux humains, de la même façon que les lois de la robotique chez un certain Asimov. Il y a aussi le Bord du Monde, mystérieux et lointain, et les mystères qu’il semble cacher…
La première chose à dire, c’est que ce premier tome est aussi riche que généreux : noms de pays, noms de factions politiques, noms de régions, guerres et chronologie… Tout est donné au lecteur pour bien faire comprendre combien l’univers a été réfléchi. Ce surplus d’informations frôle toutefois la maladresse : rien n’est véritablement creusé et les noms ne restent bien souvent que des noms. Généreux, le livre l’est aussi dans ses références, Tolkien et Jordan en tête. De fait, il peine encore à posséder une identité propre, sautant d’une péripétie à une autre sans savoir où réellement donner de la tête.
On retiendra des personnages présents en grand nombre et intéressants bien que parfois trop « naïfs » au sein de leur propre histoire. Pour les jeunes, passe encore, mais pour les personnages plus âgés ayant eux connu la guerre… La guerre, là encore difficile de savoir s’il s’agit d’un point fort ou d’un point faible du livre : tout semble extrêmement brumeux comme si les événements passés dataient non pas d’une vingtaine d’années mais bien de plusieurs siècles auparavant.
Des maladresses diverses qui n’empêchent pas la lecture et rendent curieux de ce que peux donner l’histoire après ce premier tome. L’univers se veut sombre et y parvient parfois avec de beaux moments, mais il manque encore une petite étincelle pour que la flamme prenne vraiment.
Amatrices et amateurs de fantasy à l’ancienne, vous pouvez vous laisser tenter. Entre les références parfois un peu trop appuyées et les cahots maladroits, peuvent germer les graines d’une belle histoire.
— Neramith