Il aura fallu l’attendre – et ce sera encore le cas quelques semaines ou bien, au pire, quelques mois pour la version française – mais le quatrième et dernier tome du cycle des Royaumes d’épines et d’os est enfin arrivé !
Greg Keyes, un auteur que nous apprécions tout particulièrement sur Elbakin.net, parviendrait-il à conclure sa tétralogie en beauté, quand bien même avions-nous connu quelques petites touches de déception avec le tome précédent ? Il faut dire qu’en éclatant son « groupe » de héros constitué initialement, l’auteur semblait de temps à autre s’égarer quelque peu, sans pour autant tomber dans les facilités.
Après lecture, une première constatation à chaud : la présentation de l’éditeur ne ment ou n’exagère pas, pour une fois. Oui, Greg Keyes a su relier à nouveau tous les fils de son intrigue touffue, apporter une véritable conclusion aux enjeux en suspens, qu’ils concernent les personnages ou leurs actes, et même plus que cela, il parvient à élever encore d’un cran le niveau déjà de fort bonne tenue de son intrigue.
Bien sûr, jusqu’au bout, The Born Queen demeure dans la sphère de la High Fantasy, avec un monde à sauver du désastre et de la destruction et ses protagonistes archétypaux. Mais, d’un abord par ailleurs fort aisée pour de la lecture en anglais, c’est un véritable plaisir de lecture, d’un bout à l’autre du moment, qui s’étire au passage sur moins de 500 pages.
En conséquence, pas de verbiage inutile au programme. L’intrigue repart pied au plancher, et l’auteur sait parfaitement ménager ses effets et sa progression. Que ce soit le destin des personnages que l’on suit depuis le début – Anne, Neil, Aspar et un fort surprenant Stephen Darige- de ceux qui sont apparus par la suite, ou bien entendu des rebondissements de chapitre en chapitre, voire des révélations qui parviennent souvent à nous prendre au dépourvu, on sent là un auteur qui maîtrise son sujet, tout en sachant rester en arrière-plan.
Évidemment, il sera toujours possible de tiquer sur deux ou trois convenances, ou bien sur le rôle quelque peu décevant de certains seconds rôles – Alis, Leoff… - mais Keyes sait nous emporter avec lui vers le point culminant de son final, qui ne manquera pas de plaire aux amateurs de duels épiques et loin d’être courus d’avance.
Les personnages et l’univers créés par l’auteur en sortent renforcés, possédant une vraie cohérence et une profondeur qui n’est finalement pas si coutumières du genre, à l’image de l’ultime décision d’Anne face au nouveau venu Cape Chavel.
Apparu comme une bonne surprise prometteuse avec Le Roi de bruyère, Greg Keyes conclut finalement sa trilogie en tant que valeur sûre.
— Gillossen