Après des Lames du cardinal solide mais finalement sans grande prise de risque de la part de l’auteur, Pierre Pevel revient avec ce deuxième tome et une approche plus feuilletonnesque que jamais.
On pourrait même dire télévisuelle, tant son écriture se fait cinématographique, au service d’une mise en scène dynamique et qui va droit au but, ou bien à l’image de ces petites mentions rappelant les épisodes d’une saison de série TV à l’abordage de chaque nouvelle partie du roman… Pour poursuivre cette comparaison certes quelque peu paresseuse, c’est peu dire que l’auteur soigne son introduction et sa conclusion, pour le plus grand plaisir, souvent jubilatoire, de ses lecteurs.
Il faut bien admettre qu’avec Pevel, pas de (mauvaise) surprise en vue. On sait à quoi s’attendre. L’écrivain est généreux et nous propose une aventure racée, des rebondissements savamment calculés, des personnages bien campés, et cette ambiance, ce background, dont les racines plongent dans l’histoire de France, tout en lui ajoutant une bonne dose de magie, draconique ou pas.
Selon le principe de la suite, L'Alchimiste des ombres se veut un degré au-dessus de son prédécesseur, que ce soit en terme de suspense, d’action, mais aussi d’univers, un univers qui s’étoffe d’ailleurs largement au fil des pages, sans alourdir pour autant la narration, de fait de la plume nerveuse de l’auteur, qui touche parfois à un soupçon de poésie désabusée au détour d’une simple phrase…
Le roman s’articule en deux parties, mais c’est bien la deuxième qui emporte définitivement l’adhésion, avec tout ce qui touche à la découverte et à la résolution du fameux complot, et toujours ses échos à peine voilés aux romans de Dumas que l’on ne se donnera évidemment pas la peine de citer ici. L’épilogue survient juste à temps pour éviter toute impression de trop peu ou un éventuel regret quant au dénouement…
Et pourtant. S’il est difficile de prendre en défaut une intrigue orchestrée avec sérieux et allant, même si l’on peut toujours trouver à réclamer davantage, arrêtons-nous tout de même sur les personnages. Les nombreux protagonistes de l’intrigue, aux personnalités pourtant distinctes et aux interactions habilement articulées, se retrouvent tout de même pour certains d’entre eux relégués en arrière-plan, comme des acteurs devant faire de la place pour les nouveaux venus. Mais il fallait bien tout de même trouver quelque chose à redire devant ce pur moment d’évasion, ingénieux et bien troussé.
La lecture des dernières lignes du roman n’appellent évidemment qu’une seule réaction, comme souvent avec Pevel : vivement la suite !
— Gillossen