Peter S. Beagle nous livre ici 6 nouvelles très différentes les unes des autres, aussi bien au niveau des univers que du style, et nous donne une bonne idée de l'étendue de son talent de conteur. Toutes sont réunies par son écriture fluide, très travaillée, avec une pointe d’humour discret mais délicieux.
Il nous emmène à travers plusieurs époques où l'on découvre des personnages atypiques, en décalage avec leurs mondes respectifs.
La nouvelle phare, ou quand un professeur de philosophie solitaire rencontre un rhinocéros parlant, lui aussi philosophe à ses heures perdues... Difficile de rendre une pareille idée crédible mais derrière cette apparente légèreté, Beagle nous donne envie d'y croire et nous emmène dans une histoire de plus en plus subtile et réfléchie. A retenir aussi, Entrez Lady death, où comment l'amour des apparences peut amener à inviter la mort elle-même pour impressionner ses invités, et les conséquences que cela peut avoir...
On retrouve ensuite l'animal fétiche de Beagle dans La Licorne de Julie qui se déroule dans notre monde, de même que Lila le loup garou et Une Danse pour Emilia. L’auteur nous démontre que la fantasy n’est jamais bien loin et peut surgir à n’importe quel moment, pour nous impliquer dans des histoires complètement surréalistes. Plus exotique, le Naga - déjà vu dans Chansons pour J.R.R. Tolkien avec une autre traduction - prend la forme d'un joli conte indien, plus classique mais tout aussi prenant et enchanteur. Toujours légère sans jamais se montrer superficielle, la plume de l'auteur se fait tour à tour piquante ou candide.
A noter que la version française ne contient que les cinq premières nouvelles de la version originale, Une danse pour Emilia ayant été ajoutée ensuite mais n’appartenant pas au recueil initial...
— Goldberry