Les romans de Graham Joyce ont tous quelque chose de particulier, quelque chose que l'on retrouve de l'un à l'autre, quel que soit le thème principal abordé, ou le cadre, ou la période. Une fois qu'on a commencé l'un de ses romans, il est quasiment impossible de le refermer sans l'avoir terminé au préalable.
C'est ce qui se produit encore avec ce nouvel ouvrage, quand bien même vous l'auriez débuté en fin de soirée pour le terminer autour de 2h du matin. Oui, c'est présentement ce qui s'est produit avec votre serviteur.
Nominé aux World Fantasy Awards, ce roman ne l'a toutefois pas emporté, et on peut comprendre pourquoi. Il ne s'agit pas d'un cru exceptionnel chez cet auteur adepte du très haut niveau. Il n'en demeure pas moins très solide, et particulièrement intriguant, particulièrement dans ses prémices. Mais qu'a bien pu faire, ou ne pas faire notre héros, Tom ? Sa fragilité mentale, et celle de certains des autres protagonistes du récit, explique-t-elle tout, et notamment ces troublantes visions ? Une sombre magie entoure-t-elle vraiment la cité millénaire de Jérusalem, source de bien des conflits et d'un millier de légendes ?
Quelques années avant le Da Vinci Code, Joyce aborde même la question de la place de Marie Madeleine, mais là n'est point le point central du roman, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer. La difficulté du deuil, l'âpreté des sentiments, des non-dits, des tentations, de la culpabilité érigée en précepte par certains, voilà ce qui nous frappe, l'auteur abordant toujours ses sujets avec une finesse sachant se faire des plus crues sans pour autant choquer, sauf quand cela sert son propos.
Avec ce roman, se déroulant donc dans une Jérusalem loin des visions de cartes postales mais embrumée de Djinns et de noirs secrets, Graham Joyce parvient à entraîner le lecteur dans un dédale qui ne se limite pas au suspense pur, loin de là. En à peine 300 pages, il revisite même 2000 ans d'Histoire, entre hommes, femmes, et leurs démons...
A lire !
— Gillossen