Voilà un roman qui se révèle particulièrement intriguant pour le lecteur, et peut-être plus encore une fois refermé... Comment qualifier cet ouvrage, comment le considérer ?
En tant qu'ouvrage de fantasy pour enfants, l'histoire se montre très vite plaisante, haletante, bien menée, et certains passages vont creuser plus loin que les apparences, au détour de quelques mots. Bref, de quoi titiller les esprits !
En tant que préquelle de Peter Pan... Que dire déjà de la démarche ? Cette critique ne suffirait certes pas à mettre un point final au débat. Bien sûr, on peut se réjouir de comprendre le pourquoi du nom Neverland, de découvrir la première rencontre entre Peter et Crochet, leur futur chez-eux... Mais avec quelle légitimité ? Il ne s'agit pas d'un manuscrit miraculeusement retrouvé, ou même plus modestement de notes. Mais de trouvailles nées de l'imagination de deux auteurs, qui ne sont pas sans mérite, mais n'ont pas plus (ou pas moins...?) de raison d'officier ici que n'importe qui.
L'ouvrage a beau se révéler souvent savoureux (Crochet qualifiant Neverland de "nom stupide", les atermoiements d'un Tubby Ted guidé par son seul estomac, l'humour typiquement Barrie dans les agissements de Peter face aux autres orphelins ou Molly, à la fois grave et espiègle...), ce n'est pas faire injure que de l'admettre, il n'en demeure pas moins tout autant dérangeant, lorsqu'il prétend apporter une réponse définitive à la nature de la poussière de fée (et par-là même, à bien des évènements de l'Histoire...), ou bien lorsqu'il tend tout simplement à nier pourtant l'un des éléments fondateurs du mythe Peter Pan, à savoir le fait qu'avant tout, le petit garçon ne voulait pas grandir.
Mais peut-être que certaines choses seront revues ou complétées dans l'une ou l'autre des deux autres préquelles annoncées, constituant donc au final une trilogie de préquelles pour un roman, lui, unique...
Un petit mot pour conclure sur l'édition VO chez Hypérion, filiale de Disney, et qui propose rendu ancien, gravures, et reliure de qualité... Une patine conte très appréciable, et qui permet à tout le moins de le considérer comme un bel objet dans sa bibliothèque. De ceux dont les enfants pourraient réclamer la lecture...
— Gillossen