Le Guet des Orfèvres

Tome 15 du cycle : Les Annales du Disque-Monde
ISBN : 978-284172138-2
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Terry Pratchett

Le Guet municipal a besoin d’hommes !”. Mais le Guet se retrouve à la tête d’une force qui comprend le caporal Carotte (techniquement un nain), l’agent Bourrico (un vrai nain), l’agent Détritus (un troll), l’agent Angua (une femme… la plupart du temps) et le caporal Chicque (mis au ban de touche de l’humanité pour tacles dangereux). Or le mal est à pied d’oeuvre, il y a du meurtre dans l’air et du vilain dans les rues. Il serait préférable que l’affaire se règle avant midi, heure à laquelle le capitaine Vimaire prend officiellement sa retraite, rend sa plaque et se marie. Et, comme il s’agit d’Ankh-Morpork, à midi pétant, ça promet de sentir drôlement mauvais…

Critique

Par K, le 04/02/2025

Quinzième ouvrage des annales du disque-monde, « Men at arms », ‘Le guet des orfèvres’ -dont le titre est une nouvelle fois l’occasion de souligner le remarquable travail de traduction effectué par Patrick Couton - est le deuxième récit de Pratchett consacré au guet de nuit d’Ankh-Morpork. Alors que le capitaine Samuel Vimaire se prépare, suite aux évènements d’Au guet, à découvrir le mariage, la richesse et la retraite, l’équipe du guet de nuit s’apprête quant à elle, suite aux ordres de Vétérini, à accueillir en son sein les agents Bourrico (nain), Détritus (troll) et Angua (généralement humaine et indiscutablement féminine) afin de s’ouvrir aux minorités ethniques.
Leur simple présence fait à elle seule une grande part de l’intérêt du roman. Si Terry Pratchett se sert des annales, dans de nombreux volumes, pour porter une critique de la société et aborder des thèmes variés, le contexte urbain et cosmopolite d’Ankh-Morpork s’avère le cadre idéal pour son regard acéré, sarcastique et souvent mordant. L’arrivée de ces nouveaux agents permet ainsi d’aborder des questions liées aux préjugés, à l’intolérance, au communautarisme ou, plus rapidement, à la misogynie. Ce thème, central, est abordé sans lourdeur aucune. L’ouvrage, dont l’intrigue se focalise sur un vol commis au sein de la guilde des assassins, est servi par un scénario bien rythmé, sans temps mort et s’avérant dépourvu des longueurs et faiblesses présentes en milieu de lecture chez d’autres romans des annales. Le livre bénéficie ici pleinement de l’arrivée de ces nouvelles recrues fournissant des dialogues particulièrement réussis et savoureux entre Bourrico et Détritus –déjà rencontré dans les zinzins d’Olive-Oued et gagnant ici en importance- ou encore entre Angua et le chien Gaspode, lui aussi de retour dans cet opus.
Si Samuel Vimaire se retrouve quelque peu en retrait dans ce récit, ses pensées permettent une nouvelle fois à l’auteur d’exprimer à plusieurs reprises ses réflexions sur la société. L’exposition de sa théorie « bottière » de la richesse ou ses échanges avec des membres de la haute société morpokienne ne sont pas sans annoncer les prochains volumes et la critique constante du conservatisme dans les annales. Cette relative relégation au second plan de Vimaire permet également Carotte de gagner en importance et d’occuper un rôle majeur amenant l’auteur à distiller un message éloigné de la fantasy traditionnelle qui ne surprendra guère les lecteurs de la préface du Peuple du tapis.
A noter enfin qu’Ankh-Morpork gagne, comme pour chaque ouvrage s’y déroulant, une nouvelle fois en profondeur et réalisme, de ses guildes à ses personnages les plus secondaires en passant par les différents peuples s’y côtoyant ou un patricien commençant à faire un usage plus attentif de son limier.
Si ce guet des orfèvres ne constitue peut-être pas, aux yeux de l’auteur de cette chronique, le meilleur volume des annales consacré au guet de nuit, il n’en demeure pas moins une pièce fondamentale de ce cycle, y introduisant avec efficacité et talent maints personnages hauts en couleur.

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