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La Dissonance

Titre VO: The Dissonance

ISBN : 978-222649316-3
Catégorie : Aucune
Traduction : Benoît Domis (Proposer une Biographie)
Auteur/Autrice : Shaun Hamill (Proposer une Biographie)

Quand ils étaient adolescents, dans la petite ville de Clegg, au Texas, Athena, Erin et Peter ont appris à maîtriser la Dissonance, une magie qui exploite les émotions négatives - isolement, colère, mal-être, jalousie… Hal, leur ami, s’est quant à lui découvert capable de se projeter dans un lieu a priori inaccessible : le Temple de la Douleur. Puis un drame les a séparés et les trois survivants se sont dispersés à travers le pays.
Sans doute pour oublier, passer à autre chose. Vingt ans plus tard, prisonniers de vies banales, les voilà invités à retoumer à Clegg pour clore le chapitre le plus douloureux de leur existence. La Dissonance leur permettra-t-elle d’éviter une nouvelle tragédie ou, au contraire, accélérera-t-elle l’inévitable ?

Critique

Par Gillossen, le 07/05/2025

Shaun Hamill livre avec La Dissonance un roman qui ne cherche pas à révolutionner le genre du “petit groupe d’amis du lycée fracassés par la vie et qui se retrouve 20 ans plus tard dans une ville qu’ils ont toujours voulu quitter”, mais il explore des ressorts classiques avec une certaine mélancolie, teintée d’une noirceur bienvenue.
Entre amitiés adolescentes brisées, magie plus dangereuse qu’il n’y paraît et retrouvailles sur fond de cataclysme potentiel, le roman coche toutes les cases du récit à la Ça de Stephen King, en y injectant une dose de nostalgie 90s (eh oui, on vieillit…) et un regard adulte sur le poids du passé.
L’intrigue repose donc sur un schéma éprouvé : un groupe d’adolescents soudés par une expérience surnaturelle se retrouve, vingt ans plus tard, confronté à leur passé. Hal, Erin et Athena, autrefois élèves studieux ou marginaux dans une bourgade texane, ont expérimenté la “dissonance”, la magie, qui puise son pouvoir dans la différence entre ce qui est et ce qui devrait être. Aujourd’hui, chacun mène une existence cabossée, mais une alerte lancée par un nouveau venu, Owen, adolescent en rupture qui a contribué à réveiller des forces qu’il ne comprend pas, les oblige à renouer avec leur ancienne existence.
Le roman alterne les temporalités, entre les années 1990 (bien ancrées dans leur époque, sans trop forcer le trait nostalgique) et le présent, où les amis d’autrefois doivent faire face à ce qu’ils ont été et à ce qu’ils ont provoqué avec leur coven, une révélation que l’auteur retarde longtemps. Cette mécanique narrative n’est pas neuve, mais elle fonctionne grâce à un rythme maîtrisé et à des personnages crédibles dans leurs contradictions, même s’ils semblent pour la plupart là encore sortis d’un manuel aux consignes trop calibrées.
L’une des réussites du récit réside dans sa conception de la magie. La dissonance n’est pas un système de sorts ou de pouvoirs grandiloquents : c’est une magie intérieure, qui exploite les émotions souvent les plus enfouies. Un choix qui donne une tonalité plus intime, et qui résonne au diapason des thèmes abordés. Hamill ne cherche pas à expliciter chaque mécanisme de son univers, et certains lecteurs pourront trouver l’ensemble un peu flou, mais cela participe à la cohérence d’une magie insaisissable, dangereuse, et fondamentalement “à taille humaine”, même si vous ouvrez un portail ou deux sur un autre monde.
Si la structure globale du roman est familière, le soin accordé aux personnages permet à Hamill de tirer son épingle du jeu. Chacun des trois protagonistes principaux est marqué par l’échec, le deuil ou la solitude, et le roman prend le temps de montrer ce que l’adolescence leur a laissé en héritage. Rien que du grand classique donc, pour ne pas dire du vu et revu. Mention spéciale toutefois à Owen, qui parvient à s’imposer comme un personnage à part entière, touchant et complexe, malgré finalement peu de pages à sa disposition. Ou même le shérif adjoint, que l’on voit encore moins mais qui attire tout de suite la sympathie. 
Et pourtant, des pages, il y en a. Beaucoup. Beaucoup. Trop ? Plus de 600 (certes, dans une taille de police qui ne vous abimera pas les yeux), pour un récit qui aurait peut-être mérité d’être quelque peu élagué, resserré. Suivre ce petit groupe reste plaisant de bout en bout, mais on passe parfois pas loin de vouloir survoler une page ou deux, quand ce n’est pas un chapitre entier (ils sont toujours courts), car ces longueurs ne font finalement que souligner le manque d’originalité de l’ensemble, de l’histoire comme de ses figures de proue. 
La Dissonance n’invente donc rien, mais il maîtrise ses références et livre une œuvre sincère. Si l’ensemble s’avère convenu, il reste exécuté avec assez de cœur pour qu’on se laisse emporter, au moins un temps. 

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