L'Esclave
Seyonne n’a pas toujours été esclave. Autrefois, les membres de son peuple étaient les gardiens d’une magie protégeant le monde contre les démons. Aut...
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Seyonne est un homme libre.Après seize ans d'esclavage, il a sauvé le prince Aleksander et son empire. En récompense, il a recouvré la liberté et sa p...
Seyonne a traqué pendant des années les démons des rai-kirah qui hantaient le monde. Implacable au combat, il leur livrait bataille inlassablement, da...
Le premier roman de Carol Berg, paru en l’an 2000 aux États-Unis, jouait sur le mélange des genres.
Si, dans son premier tiers notamment, on se retrouve en somme dans la peau d’un Fitz découvrant la vie à Castelcerf - bien que les conditions de vie de Seyonne soient bien pires encore du fait de sa nature d’esclave - l’aspect relativement intimiste de l’intrigue, né donc d’une narration à la première personne et d’un cadre aux limites tout de même assez modestes, avançant par petites touches, la fantasy dite épique pointe le bout de son nez assez rapidement !
Démons menaçant le monde, élu, voyages, affrontements magiques, trahisons et rebondissements... On retrouve là une succession d’éléments tout ce qu’il y a de plus classique dans le genre. Toutefois, il faut signaler que le changement s’opère de façon particulièrement naturelle. L’auteur connaissait visiblement d’avance sa destination et quel chemin elle souhaitait prendre afin d’y parvenir. Sur le plan de l’intrigue, le contrat est donc rempli, quand bien même aurait-on pu envisager un peu plus de mordant, voire de méchanceté. Amitié, amour, conflits... Au bout du compte, le suspense s’avère relativement absent, et le roman se conclut pratiquement comme un one-shot, ce qui en soi n’est pas un défaut cela dit.
Quant aux relations entre les personnages, le moindre élément quelque peu trouble se retrouve rapidement désamorcé, voire évacué. Il en va ainsi des rapports entre Seyonne et « son » prince qui évoluent beaucoup durant les 150 premières pages avant de se figer, mais pas seulement. Le prince Aleksander n’est d’ailleurs finalement pas bien méchant, et les personnages secondaires assez falots, bien que sympathiques.
Le monde créé par Carol Berg est, quant à lui, simple et bien conçu, perdant vite un côté artificiel mais encore bien mystérieux par bien des abords. En tous les cas, il laisse un récit bien charpenté se dérouler sans accroc.
Au final, L'Esclave constituait premier tome agréable et plutôt prenant, mais qui manquait tout de même d’un soupçon de densité pour rivaliser avec les pointures citées par l’éditeur, tels que Guy Gavriel Kay ou Raymond E. Feist et Jenny Wurts…
Avec L'Insoumis, l'auteur confirmait en tout cas ses bonnes dispositions, même si l'on pouvait s'interroger sur quelques facilités scénaristiques et quelques longueurs toujours présentes, qui évoqueraient presque des atermoiements. Mais, quoi qu'il en soit, le lecteur pouvait compter une fois de plus sur des personnages réussis, un univers intéressant, et une intrigue globale forte. Toutefois, les éléments de surprise et la "fraîcheur" du tome initial n'étaient logiquement plus là et n'avaient pas été compensés.
Avec Le Vengeur, il était donc temps de mettre un point final à cette trilogie. Si vous aviez apprécié Aleksander, le revoilà plus présent que dans le tome 2 et le duo reconstitué qu'il forme avec Seyonne permet à l'auteur d'exploiter de nouveaux développements. Au plus près de nos héros, on partage de réelles émotions avec eux et Berg entretient une dynamique certaine qui lui permet d'envisager une conclusion à la fois satisfaisante et quelque peu ambiguë. Il faut dire que les protagonistes de cette histoire sombre et riche ne sont décidément pas ménagés, Seyonne en tête. Si l'on avait pu trouver que son sort n'était après tout pas si terrible dans le tome 1, c'est un drôle de destin que celui-ci aura connu au fil des pages de cette trilogie.
Et si celle-ci n'est pas aussi "définitive" que ce que l'on aurait pu croire (ou même, espérer, pourquoi le nier ?), elle n'en demeure pas moins un cycle quelque peu à part dans la production globale du genre, un cycle qui, bien que jouant avec les codes habituels de la fantasy épique et en suivant un certain nombre sans broncher, demeure tout de même loin d'une quête générique, et pas seulement grâce à la qualité d'écriture de Carol Berg et son traitement des relations humaines.
Une qualité d'écriture dont on aurait apprécié d'ailleurs au passage qu'elle soit retranscrite en français par une seule et même plume de tome en tome.