Frieren - 1
Le jeune héros Himmel et ses compagnons, l'elfe Frieren, le nain Eisen et le prêtre Heiter, rentrent victorieux de leur combat contre le roi des démon...
Le jeune héros Himmel et ses compagnons, l'elfe Frieren, le nain Eisen et le prêtre Heiter, rentrent victorieux de leur combat contre le roi des démon...
Frieren a désormais une compagne de route, Fern, car l'elfe a promis de veiller sur la protégée de Heiter à la mort de son ami. Ensemble, elles aident...
Frieren débute par ce qui serait l’épilogue attendu d’un cycle de Fantasy classique : l’achèvement par un groupe d’aventurier d’une quête de dix années pour vaincre le meneur d’une menace démoniaque. Cependant, pour la mage elfe Frieren, dont ce manga tire le nom, ce n’est ni un accomplissement majeur, ni un brusque changement d’étape de vie. Son existence potentiellement millénaire la rend étrangère aux enjeux temporels des humains, à la force des précieux moments passés qui n’existeront plus. Pour autant, des regrets et un désir de trouver un sens aux aspects éphémères de la vie mortelle va commencer à habiter Frieren.
La première force de ce manga est d’arriver à rendre attractif son héroïne et son nouvel idéal par des événements doux-amers plutôt qu’outrageusement tragiques. Frieren n’est jamais condescendante ou complaisante, malgré son attitude distante issue de son esprit orienté vers un avenir sans réelle urgence selon les standards humains. Les premiers chapitres offrent une vision bienfaisante sur le temps qui passe et le surpassement des regrets, en évitant les excès de bons sentiments ou de pathos. D’ailleurs, la caractérisation elfique de la protagoniste s’inspire, comme toutes les bonnes domestications Japonaises, de son folklore local : un être hors du temps des humains mais cherchant à les comprendre, vivant autant de nature que de magie, pouvant séduire par une étrange empathie distante, c’est typiquement un Kemono, en particulier les fameux esprit-renards. Les oreilles allongées pointues et les cheveux blond platine, ou blanc, sont d’ailleurs un code physique trahissant cet alliage entre mythe occidental et nippon. Tout ceci amène nécessairement à percevoir le premier tome comme un enchainement plaisant de « tranches de vie », grâce à une utilisation habile des archétypes de la fantasy et une inspiration subtile de conte philosophique shintoïste.
Et c’est à ce moment que l’agréable surprise du Tome 2 débarque, la manœuvre éditoriale de Ki-oon consistant à proposer les deux premiers tomes pour la venue sur le marché Français prend tout son sens ! De nouveaux enjeux issus tout autant du passé que du nouveau projet de notre héroïne apparaissent pour dynamiser notre sympathique parcours intimiste. Pour autant, rien ne semble forcé, exagéré ou incongru par rapport à la proposition initiale plutôt douce et posée. Que ce soit sur le fond ou la forme, d’ailleurs. Dès les premières planches, le dessin montrait un trait délicat et précis, mais il se permet aussi des mises en scènes marquantes et lisibles lors des affrontements. Frieren - l’elfe et le manga - ambitionnent alors de jouer sur les deux tableaux : l’action sans concession et la quête de soi.
On espère que la série arrivera à maintenir cet équilibre, car ce début semble prometteur avec une belle combinaison de plaisir léger et d’utilisation affutée des codes de la fantasy d’action.