Frau Faust - 1
Érudite, mystérieuse et dotée d’étranges pouvoirs, la jeune femme que Marion rencontre par hasard en ville semble traverser les âges et renfermer bien...
Érudite, mystérieuse et dotée d’étranges pouvoirs, la jeune femme que Marion rencontre par hasard en ville semble traverser les âges et renfermer bien...
Débarrassée provisoirement des agents de l’Inquisition, Johanna ne bénéficie que d’un court répit avant de s’effondrer, épuisée par ces nombreux aff...
La jambe scellée de Méphistophélès servait en fait à prolonger une existence artificielle ! Johanna, quant à elle, va devoir se lancer dans la batai...
De passage en ville pour faire réparer Nico, son homunculus, Johanna se fait assaillir par l'étrange démone Ino. Afin d'empêcher la résurrection de ...
Avec l'aide de Marion, de l'homunculus Nico et de tous ceux qui ont été propulsés sur le champ de bataille pour la protéger, Johanna Faust atteint e...
Frau Faust est un manga fini en cinq tomes dessiné et écrit par Koré Yamazaki, actuellement connue pour The Ancient Magus Bride qui bénéficie d’un succès critique et public à la fois au Japon et en France. Ces deux œuvres parues dans leur pays d’origine la même année (2014) partagent le style particulier de la mangaka et son attirance pour les représentations mythologiques européennes. Pour autant, Frau Faust possède un ton et une ambiance spécifique. Ainsi, une éventuelle impression de redondance est évitée pour celles et ceux qui connaitraient The Ancient Magus Bride ou son adaptation animé de 2017.
A l’origine une légende folklorique, l’histoire du savant Faust a généralement pour référence littéraire les pièces de théâtre écrites par l’anglais Marlowe au XVIe siècle et par l’allemand Von Goethe au XIXe siècle. Quelques soient les reprises ultérieures, le mythe faustien repose toujours sur le même principe : désespéré et frustré, Faust vend son âme au diable pour acquérir une connaissance inaccessible. Dans le monde de Frau Faust, une version magique de la renaissance européenne similaire à l’univers de Full Metal Alchemist, la tragédie de Faust est racontée depuis un siècle sous la forme d’un conte moralisateur. Cependant, Faust existe toujours et cette dernière constate, non sans une certaine espièglerie, les écarts entre la réalité et la fiction. En effet, l’alchimiste damné Faust est en fait l’érudite polymathe Johanna Faust et si elle a effectivement pactisé avec un démon nommé Méphistophélès, leur relation est beaucoup plus compliquée qu’une transaction manichéenne entre l’âme et un savoir interdit. Dès le premier chapitre, Johanna explique à son nouvel apprenti Marion que si les livres sont des ressources précieuses, il vaut mieux multiplier ses références pour éviter d’être piégée par le mensonge. D’ailleurs Marion se pose bien des questions sur Faust… Quelle est vraiment l’origine de Johanna ? Pourquoi poursuit-elle cette quête pour reconstituer son démon Méphistophélès démembré et éparpillé à travers le monde par l’inquisition ? Et si le lectorat se retrouve à prendre plaisir à suivre ces interrogations, c’est que le personnage de Johanna Faust est une réussite. Astucieuse, déterminée, expérimentée, et non dénuée de travers égocentriques, Johanna peut porter le récit à elle toute seule. Cependant, et là se trouve un des talents de Koré Yamazaki, tout ne repose pas sur la personnalité de l’héroïne. En effet, même s’ils interviennent dans un récit centré sur Faust, les autres personnages n’apparaissent pas comme transparents ou de simples éléments du récit. Ils donnent toujours l’impression de posséder une identité singulière et d’avoir leur propre interrogation. Leur propre démon, en quelque sorte. Autre atout narratif de la mangaka, son style artistique particulier qui arrive en une ou deux cases à exprimer un sentiment, une idée ou une situation avec des compositions très sobres. De même, avec un trait fin dépourvu d’effets de surcharge, la dessinatrice propose une grande variété dans les expressions de visage, notamment celui de Johanna. Ce premier tome est assez court, car il ne comporte réellement que 120 pages. Pourtant ces quelques chapitres arrivent à installer une ambiance graphique, poser les bases d’un univers et surtout donner envie de connaître la suite. Il est à noter que le premier chapitre est disponible gratuitement sur le site de l’éditeur, initiative parfaite pour voir si on peut être intrigué, voire séduit, par Frau Faust.
Dernière précision : le tome 1 contient un récit indépendant en guise de complément pour atteindre les 200 pages, typique d’un manga relié. Ce petit one shot peut se présenter comme une nouvelle de fantasy urbaine, où l’héroïne découvre un musée étrange pour les objets qui veulent cesser d’être le sujet de la convoitise humaine et préfèrent être oubliés. Une histoire simple qui arrive à être touchante sans être naïve ou mielleuse. Encore une preuve que Koré Yamazaki est capable d’allier le merveilleux et les sentiments humains.
En refermant l’ultime tome de Frau Faust, on est convaincu que Koré Yamazaki a un réel talent pour dépeindre la complexité des différentes relations affectives. Contraintes, dépendances, acceptations, renoncements, libération. En fin de compte, l’ambiguïté des sentiments. Même si Johanna Faust est le centre de ce court récit, Koré Yamazaki développe et soigne son casting secondaire avec douceur et vitalité, sans pour autant les épargner. Et la magie est toujours là, à différents niveaux.
La seule chose qui pourrait réduire l’attrait de Frau Faust est que l’intrigue repose sur des antagonistes et un monde magique moins élaborés que le magnum opus de la mangaka : The ancient magnus bride. En revanche, Frau Faust est une excellente introduction à l’art de Koré Yamazaki et sa façon si personnelle d’unir mythes européens et sensibilité japonaise.