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Le Dragon du roi
Titre VO: King's Dragon
ISBN : 978-281120253-8
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Kate Elliott (Proposer une Biographie)
Ouvrage nominé au prix Elbakin.net 2010
Wendar est un pays déchiré. Le règne du roi Henry est contesté depuis longtemps par sa sœur Sabella qui rallie de plus en plus de nobles à sa cause. Aux luttes intestines s’ajoutent les raids meurtriers de deux races inhumaines, et ces esprits ténébreux, les Disparus, qui errent à la nuit tombée. Au cœur de cette tourmente, deux innocents doivent accomplir leur destin : Alain, un jeune homme adopté, guidé par une vision, et Liath, une jeune femme qui pourrait bien changer le cours de l’histoire. Luttant âprement pour survivre, ils sont entraînés dans une guerre aux enjeux démesurés, dont l’issue ne dépend pas de l’épée mais de la magie….
Critique
Par John Doe, le 20/06/2010
Le Dragon du roi marque l’arrivée en langue française d’un nouvel auteur américain de fantasy, Kate Elliott. Superbement illustré par Didier Graffet, il s’agit du premier livre du cycle La Couronne d’étoiles, composé au total de sept romans.
Encore une histoire d’orphelins adolescents appelés à modifier le destin du monde serait-on tenté de penser au vu de la quatrième de couverture.
Ce n’est pas tout à fait faux, mais il serait très réducteur de cantonner le roman à ce seul aspect. Serti dans un univers d’inspiration moyenâgeuse, l’auteur a manifestement pris un soin particulier à imaginer un arrière plan particulièrement bien construit, en décrivant une société rigide, dans laquelle la naissance prédomine et où le système des classes sociales est quasi imperméable.
L’aspect le plus intéressant est constitué par la prédominance de la religion : cette dernière s’insinue dans la vie de tous les jours et sert de norme, de point de repère autour duquel la vie sociale s’organise, à l’image de la société occidentale du Moyen Age. Le clergé du Wendar (le royaume dans lequel l’action se situe) possède donc, en plus de son rôle de pouvoir spirituel, un pouvoir temporel de tout premier plan. La religion majoritaire étant celle du Seigneur et de la Dame, les femmes y occupent un rôle au moins équivalent à celui des hommes.
Et qui dit pouvoir temporel dit aussi intrigues politiques. A ce niveau le lecteur est servi : arbres généalogiques complexes, magie interdite, droit d’aînesse, loi salique, bâtardise, rivalités familiales, schismes religieux, autant d’éléments qui ne manqueront pas d’évoquer pour le critique paresseux le célèbre Trône de fer de G.R.R. Martin. Kate Elliott, dans un style sans doute moins percutant, mais néanmoins efficace, parvient à conserver la maîtrise de son histoire en intégrant avec succès les enjeux collectifs aux destins individuels de ses héros.
Ils se nomment Alain, un jeune homme né de père inconnu, destiné par son père adoptif à la prêtrise et Liath, une jeune femme dotée de pouvoirs mystérieux qui se cache visiblement d’un passé tourmenté. L’orphelin victime de son destin est un archétype de la fantasy épique, mais en l’occurrence, un peu à l’image des héros de L’Arcane des épées de Tad Williams, ils vont peu à peu prendre une dimension supplémentaire et gagnent en épaisseur au fil des pages.
Autour d’eux gravitent une série de personnages secondaires, parmi lesquels ressort le prince Sanglant, fruit d’une union entre le roi Henri et une Aoi, peuple elfe craint par l’Eglise sur lequel on sait pour le moment assez peu de choses, mais qui est sans doute appelé à jouer un plus grand rôle par la suite.
On voit davantage les Eika, créatures sauvages et étranges, mi-hommes mi animaux, engagés dans un conflit ouvert avec les humains, qui se greffe à une lutte pour le trône entre le roi Henri et Sabella, sa sœur aînée.
Tout cela nous vaut donc également des scènes de combat réalistes puisqu’il est mentionné à un moment que l’un des camps est venu avec une grande armée : 800 hommes (!), ce qui nous change agréablement des chocs titanesques dans lesquels les souverains n’ont qu’à lever le petit doigt pour rassembler des armées gigantesques.
Le livre n’est bien sur pas sans défauts : la prédominance de la religion fait que certaines scènes, pleines d’un mysticisme fumeux, sont assez lourdement écrites (le personnage d’Agius). De même, la passivité de Liath et son côté « victime offerte en sacrifice aux cruautés du monde » peuvent lasser le lecteur.
Ce Dragon du roi présente au final un « bilan globalement positif », pour reprendre une formule célèbre. Si vous aimez les livres qui proposent au lecteur un univers dense, avec de la magie, des complots, des peuples non humains, des combats, des sentiments, vous devriez vous pencher sur ce cycle.
Et s’il est encore trop tôt pour affirmer que nous tenons là le premier joyau d’une série de sept, il s’agit d’un livre solide, bien construit et doté d’un potentiel suffisant pour donner envie de lire la suite.
7.5/10
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