Les Personnages

Beowulf

C'est en entendant Ray Winstone que Robert Zemeckis découvrit en lui l'interprète dont il rêvait pour Beowulf "Ma femme le regardait à la télé dans une adaptation de "Henry VIII", et dès les premiers mots, je suis accouru. J'ai été frappé par l'incroyable puissance de son jeu et son côté animal, qui est un élément clé de la personnalité de Beowulf. Notre héros ne s'intéresse qu'à tuer, manger, forniquer. Ray est un acteur étonnant, une force de la nature, qui saurait exprimer cette brutalité."

Ray Winstone :
"Convaincu qu'il s'agissait d'une simple audition, j'avais quand même décidé de faire le trajet New York - Los Angeles pour rencontrer Bob, parce que je le considère comme un génie. Lorsqu'il m'a demandé mon point de vue sur le script, j'ai répondu que c'était l'histoire d'un homme détruit par son avidité, son ambition, sa puissance et sa gloire - un homme finalement bien plus monstrueux que tous les démons qu'il affronte. C'est un peu plus tard que j'ai compris que Bob me voyait déjà dans ce rôle. Un choc !
"Je ne connaissais pas le poème original, mais le script est fantastique et j'ai toujours eu envie d'incarner un Viking. La "performance capture" me permet, à moi qui ne suis pas très grand et légèrement enveloppé, de jouer un colosse blond ! La technique paraissait un peu compliquée au départ, mais j'ai toujours aimé les défis, et j'ai été ravi de me colleter avec celui-ci. Et que dire du casting !
Anthony Hopkins est un de mes comédiens favoris et ç'a été un plaisir de le voir en action. J'avais déjà travaillé à Londres avec Robin, qui est une merveilleuse actrice, tout comme Angelina, que je connais depuis cinq ans.
Et il y avait aussi mon vieux pote Brendan Gleeson, avec qui j'avais tourné Retour À Cold Mountain, et Grispin Glover et John Malkovich, qui sont tous si intelligents. J'étais sûr d'apprendre quelque chose à leur contact."

Robert Zemeckis :
"Ce que j'adore dans la "performance capture", c'est qu'elle permet à l'acteur d'offrir au réalisateur des moments magiques et inattendus. Elle ouvre au comédien un espace illimité dans lequel il peut amener au personnage tout ce qui lui plaît car il est libéré des tyrannies habituelles d'un tournage : plus de problèmes de lumières, de caméra, de costumes, de coiffures, de maquillages. Plus besoin de se "couvrir" puisqu'on tourne en même temps les plans larges et les gros plans. C'est l'acteur qui détermine le rythme de la scène par son seul jeu. Comme au théâtre, mais en 3D." "Le tournage avançait très vite avec cette technique, d'autant que Robert Zemeckis est relax et sait ce qu'il veut", dit Anthony Hopkins. "Nous jouions ainsi dans la foulée une scène entière de 5 ou 6 pages et, généralement, au bout d'une demi-douzaine de prises, Bob se déclarait satisfait et nous passions à la suivante. Bien que mon rôle s'étende sur quelque 70 pages, je n'ai pas travaillé plus de 8 jours sur ce film, un exploit impensable sur un tournage classique."

Le Roi Hrothgar

Le Roi Hrothgar (Hopkins) a un lourd secret qui reviendra le hanter sous la forme du monstre Grendel. Mais, à l'inverse de ce dernier, il mène une vie heureuse et partage avec ses sujets tous les plaisirs terrestres imaginables.

Anthony Hopkins :
"Me souvenant que c'est un homme du peuple, je me suis amusé à en faire d'abord un bouffon porté sur la boisson avant d'étoffer le rôle en mettant en lumière certains aspects plus inquiétants de sa personnalité."

Premier acteur engagé sur le film, le Gallois Hopkins attribua à Hrothgar cet accent rustique et mélodieux, adopté ensuite par l'ensemble de ses partenaires.

La Reine Wealthow

Le rôle de la malheureuse Reine Wealthow est tenu par Robin Wright Penn, qui fut en 1994 l'inoubliable Jenny de Forrest Gump.

Robert Zemeckis :
"Robin est une actrice tellement subtile, tellement authentique ! Elle a conféré à ce personnage une réelle maturité dès les premières scènes, où elle est censée avoir seize ans, et a investi en elle toute son expérience de femme. Elle a compris les tourments et les douleurs que lui fait subir Beowulf et les a exprimés avec un réalisme à couper le souffle. Elle est magnifique dans ce rôle."

Beowulf s'éprend de Wealthow en venant sauver le royaume de son époux, Hrothgar. Mais son inextinguible soif de pouvoir, ses infidélités, s'ajoutant à son pacte avec une belle et démoniaque séductrice, voueront à l'échec cette idylle.

Robin Wright Penn :
" Wealthow épouse Hrothgar à seize ans. Ce mariage a été arrangé, et le Roi ne tarde pas à tromper la naïve jeune femme. Plus tard, elle tombe amoureuse de Beowulf, leur sauveur... et l'histoire se répète car à chaque fois, Wealthow s'éprend du héros sans voir qu'il est aussi un homme."

Grendel

Crispin Glover - le timide George McFly de Retour Vers Le Futur -, interprète le monstre Grendel.

Robert Zemeckis :
"Il aime jouer des personnages décalés, physiquement et mentalement difformes, et savais qu'il ne ferait pas de Grendel un monstre banal, mais un être tourmenté, persécuté, démonisé par son apparence physique. Crispin a conféré une chaleur et une humanité incroyables à cette hideuse créature. Partant de la seule petite indication que je lui avais fournie, il s'est servi de tout son corps, de toutes les fibres de son être pour exprimer l'âme de ce personnage et la souffrance permanente qui l'habite."
Incarnation de la douleur et de la rage, Grendel n'est pas très doué pour la parole. "Il fallait lui faire exprimer tout ce vécu avec un minimum de texte", révèle Crispin Glover. "Bob m'a encouragé à crier bien plus que je n'avais prévu. Je m'en félicite car cela m'a permis de faire passer quantité d'émotions. Je ne pensais pas que ce serait aussi éloquent."
L'intensité peu commune de Glover fit l'admiration de ses partenaires. "Il était vraiment étonnant. Il était capable de se lâcher dans un studio plein de monde tout en contrôlant scrupuleusement chaque effet. C'était impressionnant", témoigne Winstone.

Crispin Glover :
"Grendel n'aime personne, hormis sa mère. Il déteste les humains, leur langage et leurs jeux bruyants. Il m'a paru logique que lui et sa mère dialoguent dans une langue qu'ils sont seuls à comprendre. J'ai retrouvé dans la version originale du poème des mots en vieil anglais qui s'accordaient au contexte et étaient suffisamment proches de la langue contemporaine pour être accessibles au spectateur."

La mère de Grendel

La mère protectrice et vengeresse de Grendel est une créature dangereuse, séduisante, qui exploite habilement les faiblesses de la gent masculine. Angelina Jolie fut choisie pour incarner cette sublime méchante.

Robert Zemeckis :
"Une mère démoniaque, doublée d'une séductrice accomplie ? Personne ne pouvait jouer cela mieux qu'Angelina. Elle nous a tous fascinés dès le premier jour de tournage."

Angelina Jolie :
"J'ai adoré la "performance capture". Elle vous ramène vraiment aux fondamentaux du métier. J'ai ressenti cela tout spécialement dans mes échanges, très intenses, avec Crispin. On se sentait libre, on se donnait à fond, on savait qu'on pouvait improviser, se couper la parole. On se sentait aussi très proche des autres acteurs et de l'ensemble de l'équipe car sur le plateau chaque technicien est impliqué dans la réalisation.
"Que dire de la mère de Grendel ? Pensez-en ce qui vous plaira, moi je l'adore. Bien sûr, c'est un monstre, mais c'est avant tout une mère, prête à tous les sacrifices pour sauver son fiston adoré et si vulnérable. C'est en tout cas sous cet angle que je l'ai abordée."

Angelina Jolie s'était fait une idée du look final du personnage, basée sur quelques dessins, et savait ce "Lézard sexy" capable de revêtir une apparence quasi humaine. La création de cette femme reptilienne n'en fut pas moins une expérience unique... et fertile en surprises.

Angelina Jolie :
"Bob me donnait des indications très fragmentaires, du genre : "Là, tu peux zozoter." - "Hum, me disais-je, ça signifie probablement qu'elle a une langue de Lézard". Ou encore : "Ramène ça." - "Impossible, je tiens un sabre à deux mains." - "Eh bien, sers-toi de ta queue !" - "Ah, d'accord, j'ai aussi une queue !" Une autre fois, il me demandait de cambrer le pied comme si je portais des talons aiguilles. Je croyais comprendre : "Tu me veux plus sexy ?" - "Pas du tout, c'est parce que ton pied te sert aussi de main, et réciproquement." Plutôt déroutant, non ? J'ai hâte de voir le résultat final !"

Le résultat ? Une créature suprêmement élégante, dangereuse et sensuelle, vêtue d'une carapace dorée, avec de longs pieds cambrés et une grande tresse animée d'un mouvement de balancier, oscillant à la façon d'un appendice caudal...

Unferth

"C'est cela que j'adore aussi dans la "performance capture", déclare Zemeckis : cet élan qu'elle donne à notre imagination, cette liberté de pouvoir demander à l'acteur tout ce qui nous passe par la tête."
Le procédé permit aux comédiens d'exercer leurs talents sur divers personnages et d'habiter ainsi encore plus complètement le film. Zemeckis put ainsi utiliser à bon escient les multiples dons de John Malkovich en lui faisant jouer non seulement le rôle d'Unferth, mais aussi celui de son fils.

Robert Zemeckis :
"John est un de mes acteurs favoris. Il peut tout jouer, et ne cesse de vous étonner par ses approches. Il a totalement assimilé notre vision d'Unferth, cet ennemi juré de Beowulf attaché à démystifier notre héros et à en dénoncer les vantardises. Je n'essaierai pas de décrire l'accent qu'il a concocté, mais son interprétation est insurpassable. Cerise sur le gâteau, la "performance capture" nous a permis de lui faire jouer tant le fils que le père, en prêtant à ce dernier la voix affaiblie et usée d'un grand malade."
Vétéran de la scène, Malkovich en retrouva la liberté dans l'espace cubique, noir et dénudé de la "performance capture" : "Cette technique fait appel à votre imagination. Mieux, elle vous permet d'être vu sous tous les angles et dans toutes les grosseurs de plans. Vous n'avez plus qu'un souci : jouer, comme durant les premières répétitions d'une pièce, lorsque les décors sont symbolisés par des marques au sol et les accessoires réduits à leur plus simple expression.

Pour ce qui est de l'attirail, j'ai très vite cessé d'y penser, même s'il pouvait sembler bizarre de me mettre sur le visage ce masque transparent, de me couvrir le corps de capteurs reliés à une espèce de casque de cycliste, d'enfiler des gants également équipés de capteurs ! Et puis cela aide d'avoir un réalisateur aussi enthousiaste, précis, concentré et direct que Bob."

Wiglaf

Dernier des protagonistes, Wiglaf, le serviteur de Beowulf, est interprété par l'acteur anglais Brendan Gleeson. Wiglaf se battra jusqu'au bout aux côtés du héros et héritera de son prestige, de son pouvoir... et de ses tentations. Au spectateur d'imaginer ce qu'il en fera.

Robert Zemeckis :
"Wiglaf est l'antithèse de Beowulf, mais c'est aussi son soutien inconditionnel. C'est celui qui aime Beowulf comme un héros malgré les doutes qu'il nourrit quand à ses intentions. Durant le casting, à Londres, Brendan s'est tout de suite imposé dans ce rôle dont il avait pleinement cerné la dimension. C'est lui qui a amené cette notion de doute, de conflit, qui donne un relief supplémentaire au personnage."

Brendan Gleeson :
"Beowulf et Wiglaf sont des hommes d'action qui mènent une vie exaltante et aventureuse, émaillée de combats épiques. Ils n'en possèdent pas moins des personnalités divergentes. Le charismatique Beowulf a en lui une bonne dose de folie, tandis que le pragmatique Wiglaf brille par sa persévérance. Lorsqu'ils affrontent ensemble un dragon fumasse, crachant des flammes de dix mètres, Wiglaf choisit de la frapper au point le plus sensible... et rate, et c'est Beowulf le téméraire qui trouve la solution. C'est la victoire du magnétisme personnel sur la froide raison.

"Il me paraissait important qu'à la fin Wiglaf accède au trône après avoir prouvé son leadership alors même que Beawulf révélait ses failles. Finalement, Wiglaf était moins un lieutenant qu'un roi en devenir."
Toutes ces scènes d'action impliquaient une abondance de cascades, à la grande surprise de Ray Winstone qui ne s'attendait pas à donner autant de sa personne : "Je ne m'en croyais pas capable, mais j'ai pris tellement de plaisir à tenter la première cascade qu'elles se sont enchaînées. Ç'a n'a pas été de tout repos, mais j'ai eu la joie de revivre mes sept ans, fendant les airs tel Peter Pan."

Et Avary d'embrayer : "Je pense que les ados se prendront un pied d'enfer à ce film. Bob a dopé ce scénario, l'a transformé en un formidable spectacle, bourré d'action, sans rien ôter à la richesse des personnages et à la profondeur de l'histoire."

Dossier réalisé par Elbakin.net