Le plaisir des retrouvailles... Quel lecteur d'A la Croisée des mondes n'attendait pas cela avec impatience ? Dès lors, mettons de côté la brièveté de celles-ci, pour mieux les savourer.
On rencontre finalement à nouveau Lyra, dans son monde, à Oxford, pour une nouvelle où Pullman démontre rapidement qu'il n'a pas perdu la main. En quelques phrases, nous voilà sous le charme, parfois amer, de sa plume. Mais ici, du moins pour cette fois, pas de passage déchirant, capable de broyer les coeurs, et pas seulement ceux des enfants. Simplement, prendre des nouvelles d'une amie chère, perdue de vue depuis trop longtemps...
Et pourtant, en une quarantaine de pages, l'auteur ne se restreint pas à cela, alors qu'il aurait certainement pu s'en contenter. Il nous entraîne sur la piste de nouveaux mystères, de nouveaux personnages, alternant de très jolis moments avec une tension toujours palpable... Jusqu'à nous conduire à la révélation finale, aussi poétique qu'intrigante.
Saluons qui plus est la démarche de Gallimard, signant une édition française très soignée de ce petit format, conservant les bonus de son homologue britannique : gravures de John Lawrence, carte d'Oxford, et autres petites surprises... Le tout selon ce ton un peu plus léger que la trilogie originelle, sans que pour autant, en quelques mots simples et pudiques, l'émotion des personnages ne se dévoile...
Alors, bien sûr, quoi que l'on fasse, on reste sur sa faim, on doit quitter Oxford alors que l'on commence à peine à reprendre ses marques, à se glisser dans cet univers à la fois si étrange et familier... Mais cette invitation ne se refuse pas.
— Gillossen