Pour beaucoup, L'Histoire sans fin évoque avant tout le film de Wolfang Petersen. Cette merveilleuse adaptation a bercé l'enfance de nombre d'entre nous. Mais alors, le livre de Michael Ende est-il aussi enchanteur ? Autant le dire tout de suite, oui !
Comme l'on peut s'y attendre, le roman va beaucoup plus loin que son adaptation cinématographique (qui ne reprend en réalité que la première moitié du livre) et l'atmosphère de magie enfantine qui faisait tout le charme du film est ici décuplée. Il faut dire que la richesse du monde de Phantasya, dans lequel se retrouve plongé Bastien, reste absolument stupéfiante. Les péripéties, très nombreuses, s'enchaînent à un rythme soutenu et ne se ressemblent jamais, car chacun des 26 chapitres nous fait découvrir un nouveau décor et de nouvelles créatures, créant ainsi une véritable galerie d'images, toujours plus variées et surprenantes les unes que les autres, et qui défilent devant nos yeux en laissant des souvenirs inoubliables : Fuchur le dragon de la Fortune (rebaptisé Falcor dans le film), Gmork le loup-garou, le lion de flammes Graograman, Xayide la sorcière... Tous sont autant de personnages hauts en couleur qui, malgré parfois un bref passage dans le récit, marquent à jamais l'esprit du lecteur.
Quant au héros, le jeune Bastien, prendre contact avec Phantasya est pour lui une véritable révélation, un voyage initiatique qui le transforme du tout au tout. Son évolution au fil de l'histoire est d'ailleurs très bien amenée et les multiples épreuves qu'il doit sans cesse endurer (la mort, l'humiliation, le regret...) sont traitées avec un certain souci de réalisme psychologique.
Le ton de l'écriture reste néanmoins assez enfantin, car n'oublions pas que cet ouvrage s'adresse en priorité à de jeunes adolescents, ce qui toutefois joue également ici en faveur d'une lecture facile et très rapide. En outre, ce style qui peut sembler un peu naïf au premier abord n'empêche pas Michael Ende d'aborder, toujours en toute simplicité, des thèmes passionnants : la course permanente des êtres pour échapper au Néant d'une existence sans rêve et sans amour, le rôle primordial des contes et des récits de fiction qui dévoilent souvent bien plus de vérités qu'il n'y paraît, les dangers de l'ambition et du pouvoir, l'importance de l'amitié, du pardon, de l'imagination, et j'en passe... Bref, un livre qui s'ouvre à maintes réflexions tout en demeurant captivant.
Et bien que l'on puisse peut-être noter quelques longueurs vers la fin du livre, la majorité des aventures semblent au contraire souvent passer trop vite, car certains personnages secondaires sont tellement attachants qu'on aimerait pouvoir les revoir, mieux les connaître... Mais la quête de Bastien reste le centre du récit, comme vient régulièrement nous le rappeler cette phrase pour le moins frustrante : « Mais cela est une autre histoire, qui sera contée une autre fois. »...
— Deedlit