Faerie Hackers est un ouvrage particulièrement ambitieux dans la mesure où il tente de confronter la fantasy la plus classique qui soit (on retrouve pêle-mêle fées, dragons, sorciers, nains et démons) et le thriller technologique (ambiance glauque d’une start-up sur fond de concurrence entre jeunes loups et de sombres secrets, soupçon de mécanique quantique). Le résultat est surprenant et réussi.
La confrontation entre la Couleur, produite par les rêves de l’humanité, et l’Infrasombre, fruit de ce que l’homme a de plus horrible en son fond, est en elle-même très intéressante.
Les personnages principaux sont à la fois fort bien décrits et très attachants. Lil la renégate qui s’assagit peu à peu, mais reste toujours aussi acide dans ses opinions et ses commentaires, Lartagne le Champion partagé entre sa loyauté indéfectible pour la royauté et la nécessité de s’allier à Lil pour sauver le Dauphin, Fabien l’infographiste veule et ambitieux qui se rend compte peu à peu des dangers de l’univers dans lequel il désire vivre, et Mazer, obsédé par la peau et sinistre au possible, composent une galerie de personnages fascinante.
L’intrigue est très bien menée, alternant flash-back sur l’adaptation du démon à la Surface, enquête au cœur de Paris, et scènes d’action particulièrement réussies (on ne voit plus le Père Lachaise de la même façon après avoir lu ce livre). L’ensemble est haletant et se lit quasiment d’une traite.
Pour ceux qui ont pu lire La Lune seule le sait du même auteur, on retrouve les thématiques révolutionnaires chères à l’auteur, en particulier dans le personnage de Lyl, pour le coup très proche de Louise Michel, et une critique particulièrement acide de notre société. Mais ce roman-ci est beaucoup plus optimiste, faisant confiance à l’humanité pour rêver plus que pour détruire.
Au final, Faerie Hackers se révèle être un roman fascinant dans les thèmes qu’il expose, à la frontière de la fantasy et du thriller, servi par une très belle plume.
— Cyrion