Le Boucanier du roi de Raymond E. Feist continue le récit des aventures des fils du prince Arutha en se concentrant cette fois sur celles de Nicholas et de son écuyer partis délivrer la fille du duc Martin, le frère d'Arutha. Ce livre est donc de la lignée de Prince de sang avec une partie de ses défauts et de ses qualités.
Tout d'abord, pour les points positifs, l'auteur nous entraîne une nouvelle fois dans des terres inconnues, sur un nouveau continent plus précisément, ce qui nous permet de découvrir une étrange civilisation obscure avec un jeu politique complexe qui se trouve déchirée par une sanglante lutte de pouvoir. Outre ce facteur de nouveauté, le livre, comme son nom l'indique, se passe pour une fois en grande partie sur les mers, ce qui nous change agréablement des précédentes histoires qui se déroulaient dans les forêts ou les déserts du Sud.
Enfin, l'auteur a aussi remis sur le devant de la scène quelques personnages charismatiques et attachants comme Nakor le cavalier bleu qui égayent cette aventure tout le long du récit ainsi que la race des hommes serpents, entrevue dans Ténèbres à Sethanon, qui prépare de nouveau un plan diabolique.
Mais malgré ses points positifs, le Boucanier du roi présente plusieurs défauts dont le premier est le manque de détails pour présenter sa nouvelle civilisation. Certes, l'auteur a parfaitement expliqué le jeu d'alliances subtiles, mais quant aux us et coutumes ou pour la description des villes sa prose est bien incomplète. De plus, certains des personnages de ce livre sont très caricaturaux avec la jeune voleuse débrouillarde (Talen en féminin, ou bien Jimmy en plus jeune ?) ou le méchant homme serpent qui veut détruire le monde et qui ignore ce que le mot "bien" signifie. Seuls son personnage principal et deux ou trois autres sont suffisamment fouillés et approfondis pour leur donner une personnalité propre.
Enfin, il serait pertinent de noter que certains passages sont sous-exploités comme celui de la fuite du continent, ce qui altère quelque peu la continuité du récit. Mais ce dernier point n'est pas très gênant et l'ensemble scénaristique est très bien ficelé.
Pour finir, disons que Le Boucanier du roi est meilleur que le livre précédent avec une plus grande recherche de l'originalité et des personnages attachants, mais il reste quelques défauts récurrents qui empêchent de qualifier ce livre de grande œuvre de la fantasy, loin de là même. Néanmoins c'est toujours agréable à lire et il ravira sans doute les fans de Feist...
— Belgarion