Le contexte du second volume du cycle des ombres change radicalement du premier tome qui ressemblait beaucoup à Légende de Gemmell. La différence d'ambiance est telle qu'on peut d'ailleurs s'interroger sur l'existence d'une continuité entre les deux œuvres si ce n'est le faible lien de Syd de Kaïber mentionné dans le tome 2.
En effet, ce volume est beaucoup plus subtil avec une opaque enquête policière au sein de l'ambiance vénéneuse et violente du monde des ophidiens, les guerriers serpents. Les apparences sont trompeuses et les soupçons de ce qui se trame dans l'Erratum se modifient de nombreuses fois à l'instar des différentes mues du serpent. Avec maîtrise, l'intrigue se construit par paliers pour amener le lecteur progressivement à la découverte très tardive de la vérité, ce qui maintient le suspense.
Tout serait donc parfait s'il n'y avait l'absence d'émotion, la froideur de la narration qui altère le ressenti du récit. Si le ton correspond bien aux être à sang froid que sont les serpents, héros du roman, en tant que simples êtres humains on peut regretter que le ton ne soit pas plus alerte et au final plus intéressant. Ainsi, ce défaut qui se retrouve dans le premier livre nous fait suivre l'histoire sans émotion et empêche le cycle de prendre de l'ampleur tout en créant artificiellement de fâcheuses longueurs.
C'est dommage car les descriptions complexes du monde des ophidiens et de la forteresse de Kaïber sont très réussies et illustrent la grande imagination de l'auteur. Mais au final ces défauts nous empêchent de sortir le cycle du lot des parutions récentes de fantasy.
— Belgarion