Pour ceux qui ne connaissent pas encore Guy Gavriel Kay (petits chanceux, vous avez le meilleur de la littérature devant vous !), vous trouverez dans Written on the Dark le même univers que dans la plupart de ses romans : deux lunes, des étoiles et un soleil, adorés respectivement par trois grandes religions, une géographie proche de l’Europe (et de l’Asie !) et des interactions entre peuples qui rappellent quelque chose aux férus d’Histoire.
Bref, un monde dont le caractère fantasy repose sur lui-même et sur des interactions légère avec des esprits. Ici nous nous concentrons sur Ferrières en guerre de longue date avec l’Angland en au bord de la guerre civile. Dans ce contexte politique mouvementé, nous suivons le poète de tavernes Thierry Villard, entraîné malgré lui dans des évènements qui le dépassent rapidement.
Le contexte historique correspondant est facilement identifiable comme la guerre entre Armagnacs et Bourguignons lors de la Guerre de Cent Ans, et ce cher Thierry est évidement inspiré de François Villon. Ce contexte historique nous parlera peut être plus, nous autres lecteurs français, comme faisant partie de notre Histoire, ce qui a pour effet de nous rapprocher peut-être des événements mais qui nous surprendra d’autant plus lorsque ceux-ci ne suivront pas nécessairement la trame connue ! Par ailleurs les nombreuses descriptions d’Orane et l’amour de Thierry pour sa ville a fortement parlé au parisien que je suis.
On retrouve le goût de Kay pour les personnages principaux artistes emportés dans des contextes politique plus grands qu’eux et servant de témoins pour l’Histoire qu’ils vivent. Dans cet opus le récit est néanmoins plus centré sur le personnage principal que nous a habitué l’auteur, ce qui résulte en un roman plus court (300 pages seulement), qui se disperse moins, mais dont le contexte aurait pu être plus détaillé via la vision de personnages secondaires. Par ailleurs, les quelques ellipses temporelles laissent un peu le lecteur sur sa faim par moment.
L’écriture de Kay reste toujours aussi agréable et poétique, alliant juste ce qu’il faut de description pour magnifier le récit et l’ancrer dans une ambiance sombre pour montrer que même un insignifiant poète de taverne sans le sous peut avoir un impact conséquent sur la géopolitique de son époque.
Pour conclure, Guy Gavriel Kay nous offre encore un superbe roman qui ne pêche que par sa longueur moindre que celle de ses prédécesseurs et nous permet de trouver enfin ou sont les neiges d’antan.
— Akallabeth