Water Moon propose de nous plonger dans un monde onirique, parallèle au nôtre, auquel on ne peut accéder que par l’entremise d’une boutique un peu particulière : on vient y déposer nos plus grands regrets, pour pouvoir vivre libéré de leur poids. Bien sûr, le deal n’est pas si simple, et tout ceci a des implications que l’on découvrira au fil du roman.
Nous suivons Hana, qui prend la relève de son père à la tête de la boutique, et Keishin, qui y déboule à un moment charnière et va proposer d’aider Hana. Voilà pour le point de départ de la quête, car c’est finalement de cela qu’il s’agit : la quête d’Hana pour retrouver son père. Kei se trouve donc entraîné à sa suite dans un univers dont il ne connaît rien et qu’il va découvrir au fur et à mesure.
L’autrice nous propose ici un florilège de lieux esthétiques, que l’on va parcourir au fil de l’avancée des héros, avec une petite impression de voyage touristique. Alors oui, il y a des idées intéressantes, des images poétiques, mais la plupart de ces lieux semblent décrits pour faire joli, pour entretenir la rêverie, sans avoir d’autre fonction que planter un arrière-plan décoratif. Et certains détours donnent vraiment le sentiment qu’on s’arrête pour admirer le paysage. Ce qui fera avancer l’histoire, ce sont les rencontres avec différents personnages, qui donneront des éléments de réponse ou permettront au duo de gagner une nouvelle destination. Pratiquement tout le roman est construit de cette façon, et c’est tout de même un peu lassant à la longue.
Du côté des protagonistes, Hana et Kei, on pourra regretter qu’ils ne soient pas plus consistants. On peut en effet les résumer à trois points : leur quotidien a été bousculé, ils sont attirés l’un par l’autre et ils ont chacun un problème avec leur mère. Impossible pour ma part d’adhérer à l’un ou à l’autre tant je les ai trouvés fades et sans relief. Même les moments censés être émouvants n’ont rien suscité chez moi.
Finalement, si Water Moon n’est pas désagréable à lire, il présente les défauts récurrents des romances : c’est un peu creux, et il y a peu de chances qu’il vous laisse un souvenir impérissable. Au moins propose-t-il un univers globalement cohérent, même si celui-ci aurait sans doute pu être mieux exploité.
— Erkekjetter