Paru sous le label Calix, géré de concert par J’ai lu et Pygmalion, Assistant to the Villain mêle humour, romance et fantasy.
Le ton est annoncé dès la quatrième de couverture, raccord avec le contenu du livre. Il s’agit du premier roman de son autrice, et il faut reconnaître que cela se sent. Le début est un peu maladroit, puis l’autrice semble trouver son rythme de croisière et le récit devient plus fluide. On n’échappe toutefois pas à quelques scènes résolument cliché et quelques passages qui en font (vraiment) des caisses. Sur ce point, ce sera sans doute une affaire de goût pour le lectorat : après tout, il y a des gens qui aiment le très sucré, d’autres qui détestent ça. Dans son ensemble, le roman connaît malgré tout quelques longueurs, il aurait sans doute gagné à être condensé.
Pour sa part, l’univers proposé demeure plutôt imprécis et sert essentiellement de toile de fond (certes, ce n’est pas le propos du roman de donner dans le world building acharné, mais tout de même). On a des éléments plutôt médiévalisants, et en même temps, il est soudain question d’un réchaud. Le manoir du Vilain fonctionne lui-même comme une entreprise moderne, qui accueille notamment des stagiaires (même si on ne comprend pas bien pourquoi). Il règne également un certain flou autour de la magie et de son utilisation. Tout juste en sait-on un peu plus sur les pouvoirs du Vilain, qui évoquent, dans la pratique, les systèmes de visée de certains jeux vidéo (Fallout, en l’occurrence, pour ceux qui se poseraient la question) – ce qui m’a personnellement un peu décontenancée.
Du côté des personnages, ça tient plutôt la route : l’héroïne est sympathique, le Vilain, dans son style, aussi, et les autres protagonistes ne sont pas inintéressants. En revanche, il n’était peut-être pas nécessaire d’opter pour que ledit Vilain réponde à tous les critères de beauté standard, au point que ça en devient presque caricatural : mâchoire carrée, regard profond, torse puissant, cuisses musclées… On souffle un peu devant un tel étalage. D’autant que ça n’apporte rien au propos : pas besoin d’avoir le physique d’un dieu grec pour être remarquable ou sexy.
À noter que l’autrice prend soin de rappeler que le consentement, ce n’est pas une option dont on peut se passer et que les hommes qui prennent des décisions à la place de leur femme/fille/sœur, c’est juste inacceptable. Ça aurait été bien, du coup, d’éviter le « fils de pute » qui sort au détour d’un dialogue – foutez la paix aux mamans (et aux travailleuses du sexe, d’ailleurs) quand il s’agit d’insulter quelqu’un, merci.
Bref, en conclusion, Assistant to the Villain se classe dans la tranche moyenne des lectures légères, façon comédie romantique, sauce fantasy et saupoudrage rigolo. S’il n’est pas exempt de défauts, nul doute que le roman trouvera son lectorat. Par ailleurs, la fin annonce déjà une potentielle suite, à voir donc comment cela tourne.
— Erkekjetter