On connaît bien Kelly Barnhill pour La Fille qui avait bu la Lune (nommé au prix Elbakin.net Jeunesse 2018 d'ailleurs) et plus récemment encore L'Ogresse et les orphelins (cette fois tout bonnement prix Elbakin.net 2022 du meilleur roman fantasy traduit jeunesse). When Women Were Dragons, paru l'an dernier en langue anglaise, est présenté comme son premier roman s'adressant à un public "adulte".
Mais on serait tenté de dire que, tout comme ses romans pour la Jeunesse ne s'adresse pas à un strict public "enfantin", ce livre-ci peut presque se lire à tout âge lui aussi. En tout cas, il y a matière à apprécier sa lecture, qu'importe votre date de naissance !
L'autrice nous offre ici, dans un roman relativement court, une histoire aux personnages riches, porté par une véritable réflexion sur les questions de genre et de pouvoir. La plume volontiers lyrique de Barnhill, contribue à nous plonger dans cette drôle d'Amérique au parfum des années 50.
Les personnages féminins forts ne manquent évidemment pas, en particulier l'héroïne, Alex Green, figure courageuse et déterminée qui doit faire face à son propre destin, aux exigences qui semblent aller de pair avec l'existence à laquelle elle aspire, mais pas seulement. Les "femmes dragons" incarnent des symboles de la puissance féminine et de la sagesse, et propose une réflexion fascinante sur notre propre époque ; certes, c'est le but évident mais le propos n'en demeure pas moins pertinent, ce qui n'est pas toujours le cas dans un monde manquant de nuance.
Le dilemme des limites imposées et la colère montante et justifiée face aux inégalités d'une société qui maintient les femmes dans des rôles stéréotypés occupe également une bonne part de l'intrigue, de même que comment celles-ci peuvent s'unir pour prendre leur juste place et obtenir le respect et la reconnaissance qu'elles méritent.
Roman prenant et réfléchi à la fois, When Women Were Dragons bénéficie d'un cadre original et d'un point de départ qui ne l'est pas moins, les deux s'avérant exploités par l'autrice avec talent.
— Gillossen