TJ Klune a connu un grand succès, y compris par chez nous, avec son premier roman, La Maison au milieu de la Mer céruléenne, publié en 2021 chez De Saxus.
Sous la porte qui chuchote est son deuxième roman paru cette fois fin 2022, toujours chez le même éditeur, mais avec un autre traducteur. On y retrouve en tout cas le "ton Klune", très vite.
C'est un roman qui se lit d'une traite, et qui malgré ses thèmes pesants (la mort, le deuil...) ne l'est jamais vraiment, lui, en cours de route. Mais avant toute chose, il faut s'attarder un moment sur le personnage principal, le dénommé Wallace.
Car c'est là que le bât blesse. Au cours des premiers chapitres, Wallace, présenté certes comme une mauvaise personne, nous apparaît dépeint avec toute la subtilité d'un téléfilm de Noël. Si l'on comprend tout de suite que l'on a affaire à un roman qui mettra en scène une rédemption, une prise de conscience, de la part de ce protagoniste, le tout est mis en scène de façon très pataude. Il faut ensuite patienter 200 pages sur un peu plus de 400 pour que Wallace devienne tolérable et son évolution, tout comme son caractère avant sa mort, n'a pas de raison bien établie, en dehors des évidences lancées au lecteur. Heureusement par exemple que tous les gens qui ont perdu des proches jeunes ne deviennent pas des ordures !
Cette tendance au cliché se retrouve également dans la mise en scène, avec certaines images (on pense à une scène sur un scooter, au dernier chapitre avant l'épilogue...) beaucoup trop convenues, même si d'autres se révèlent au contraire plutôt frappantes.
Au gré d'une succession de discussions sur la terrasse en bois entre Wallace et Hugo le patron du salon de thé, l'intrigue elle-même se dévoile assez rapidement, jusqu'à son rebondissement final. On doute ainsi que l'auteur mise sur le suspense ou les surprises pour ferrer son lectorat. On évolue dans un univers intimiste frisant la fable, qui peut faire penser à du Neil Gaiman par moments, en beaucoup plus "sucré" cependant.
TJ Klune le révèle dans ses remerciements, les sujets abordés, le lâcher-prise, l'acceptation, etc, lui tenaient vraiment à cœur et cela se sent. Et il appartient à chacune et chacun d'arpenter ces chemins comme on l'entend, comme on se sent prête ou prêt à le faire. Mais ce faisant, si cette lecture vous tente, il faut tout de même avoir conscience qu'il faut aimer les récits réconfortants, pleins de bons sentiments, et non une approche très réaliste des choses, si tant est que l'on puisse parler de réalisme lorsqu'il est question de savoir comment réagir en découvrant que l'on n'est pas tout à fait mort après avoir perdu la vie.
Joliment raconté, Sous la porte qui chuchote est un roman très prévisible, qui n'en restera pas moins plaisant à lire.
— Gillossen