Disons-le tout de go, La Lune tueuse ne représente pas ce que la prolifique autrice américaine N.K. Jemisin a pu concevoir de mieux.
Si cet univers s'avère certes plus "classique" en terme de fantasy et donc pour une partie du lectorat probablement plus aisé à appréhender que ses autres créations, généralement beaucoup plus singulières dans leur approche, notamment de la magie, il n'en demeure pas moins quelque peu... fade ?
Un monde où la magie est utilisée pour et par le pouvoir politique et religieux n'est pas révolutionnaire en soi, même s'il est question ici d'un recours aux rêves. L'histoire proprement dite souffre surtout d'un certain manque de rythme et, par conséquent, de tension. Ce ne sont pas toujours des ingrédients nécessaires si vous abordez un récit tourné vers des tranches de vie, mais ce n'est pas le cas avec La Lune tueuse, qui suit des schémas beaucoup plus attendus.
La résolution même, ou l'absence de résolution, de certains pans de l'intrigue, même en tenant compte du fait que l'on aura droit à un second tome, posent aussi parfois question. Cependant, on peut aussi trouver certains aspects de cet univers uniques et fascinants, et les thèmes de la politique, de la religion et de la magie utilisés à leur avantage.
A vrai dire, c'est du côté des personnages que le bât blesse, quand on connaît justement les autres romans de l'autrice. Ses protagonistes nous semblent cette fois presque convenus, de simples silhouettes de papier incapables d'acquérir une troisième dimension, seulement portés par le rôle bien défini qu'on leur a donné en préambule. Peu de surprises, peu de mouvements. L'ensemble n'est pas à proprement parler médiocre, évidemment, mais tout de même nettement en-deçà de nos attentes vis-à-vis de cette autrice (et notons que ce roman et sa suite et fin ont été publiés en VO avant La Cinquième Saison ou Genèse de la cité... mais après Les Cent Mille Royaumes que nous avions célébré).
A voir si le second volet saura nous emporter davantage !
— Gillossen