Avec Les Voleurs de curiosités, Jess Kidd signe un premier roman qui a su se faire remarquer. En l'état, publié aux Presses de la Cité sans que son caractère imaginaire soit spécialement mis en avant, il lorgne gentiment du côté de la gaslamp fantasy, en plein dans le Londres victorien.
Cette ambiance toujours plaisante est toutefois quelque peu desservie par une narration qui tient à nous décrire absolument tout ou presque, en mettant tout sur le même plan, sans hiérarchiser les informations jetées à la tête des lecteurs. La mise en scène n'est donc pas tout à fait à la hauteur du cadre, d'autant que la plume de l'autrice devient vite monotone, à vouloir suivre ce schéma tout au long de son intrigue.
Une intrigue ma foi plutôt bien menée par ailleurs, avec son lot de rebondissements et de péripéties qui gardent le lecteur si ce n'est en haleine, disons concerné. Le caractère plaisant de l'ensemble se maintient cela dit tout du long, et on sent bien que l'autrice s'est elle-même beaucoup amusée à nous brosser portraits et visions documentées d'une cité nappée de bancs de brume. Et ce même si les personnages, Bridie en tête, se contentent le plus souvent de jouer leur partition, sans fausse note mais très sagement.
Il n'en demeure pas moins que le potentiel est là et qu'on ne serait pas contre une nouvelle enquête dans ces milieux interlopes et si étranges, où chaque anecdote peut cacher bien des secrets, où derrière chaque porte la réalité peut dépasser la fiction. On sera tout de même un peu moins enthousiaste que certains retours, quoique le caractère "délicieux" ou "délicieusement décalé" peut amplement suffire.
— Gillossen