Huitième roman du Disque-monde, Au guet occupe une place importante dans l’œuvre de Pratchett. Roman inaugurant le cycle le plus fourni des annales, celui du guet, il met en scène pour la première fois le guet municipal, où plutôt ce qu'il reste de son équipe de nuit, commandée par l'un des deux protagonistes préférés de l'écrivain : le capitaine Samuel Vimaire.
Celui-ci -imaginé par l'auteur sous les traits de Pete Postlethwaite- reprend l'archétype du flic vieillissant de roman noir, désabusé, cynique, dur à cuire et tourné vers la bouteille, doté d'un attachement toutefois certain à sa ville.
Ankh-Morpork, bien qu'ayant servi de cadre à de nombreuses scènes dans les livres précédents, prend d'ailleurs réellement consistance dans cette histoire. Vimaire, épaulé par le sergent Côlon et son comparse humain par défaut, l’inénarrable et pourtant narré caporal Chicard, voit son quotidien morose perturbé par l'arrivée de Carotte, nain par adoption d'un mètre quatre-vingt-dix-huit et par la découverte d'un crime réalisé via un reptile cracheur de feu de vingt-cinq mètres de long.
L'humour de Pratchett tombe juste à de très nombreuses reprises dans cet opus -les sociétés secrètes valent le coup d’œil- et les échanges entre les membres du guet sont particulièrement savoureux. Des personnages secondaires comme le Patricien y gagnent en consistance et en intérêt tandis que d'autres apparaissent pour la première fois.
L'intrigue y est, tout comme dans Trois Soeurcières, plus développée que dans les précédents romans et permet à l'auteur de distiller un certain nombre de messages sur la nature humaine, à travers les pensées de Vimaire ou les tirades du Patricien, rappelant comme l'avait souligné Gaiman que Pratchett est, avant tout, un homme en colère.
Bien qu'ayant parfois quelques baisses de rythme, Au guet est une lecture distrayante, drôle, posant les premières pierres d'un nouveau cycle et parvenant à transposer des codes du roman noir dans la fantasy.
— K