Avec Exhalation, Ted Chiang revient au recueil de nouvelles.
Comme avec le précédent, La Tour de Babylone, reconnaissons-le tout de suite, la fantasy est très peu présente au fil des pages. Mais alors, vraiment réduite à portion congrue. Est-ce une raison pour ne pas en parler du tout sur Elbakin.net ? Dans ce cas précis, accordez-nous cette entorse au protocole.
D'autant que notre genre favori ouvre le recueil en fanfare avec Le Marchand et la porte de l'alchimiste, une histoire qui tourne autour du voyage dans le temps et qui justifie presque à elle seule la présente chronique. Une très belle histoire, au parfum de conte oriental et dotée d'une morale intéressante, même si, comme souvent, quand on prend le temps du recul, il est difficile de ne pas pouvoir prendre en défaut les mécanismes temporels de l'intrigue.
Pour le reste, que dire ? A l'image de cette nouvelle mettant en scène un perroquet, il y a, au-delà de l'intelligence du propos, une vraie émotion au cœur même de plusieurs nouvelles, comme dans La Nurse automatique brevetée de Dacey, sans aucun doute l'un de mes textes préférés. D'autres, sans jamais se révéler totalement anecdotiques, ne s'avèrent pas tout à fait au niveau de ces sommets, tournant parfois légèrement à l'exercice de style (dans tous les sens possibles de cette expression).
Longtemps avant de parvenir à la toute dernière nouvelle, on constate donc que Ted Chiang a su rester dans une forme plus que convaincante. Si l'ensemble n'est pas toujours aussi vertigineux que La Tour - mais s'agit-il vraiment d'une obligation ? - il n'en constitue pas moins un recueil à faire figurer parmi les lectures indispensables de cette fin d'année.
— Gillossen