Rappelons pour commencer que Drakoo n'est autre que le nouveau label fantasy des éditions Bamboo, porté par Christophe Arleston en personne, avec des noms connus signés d'entrée de jeu tels que Gabriel Katz ou Pierre Pevel justement.
Ce dernier offre ici une déclinaison en images de son Paris des Merveilles (plus de 50 000 exemplaires vendus selon le dossier de presse, tout de même !). On retrouve ainsi tout ce qui a pu faire le succès des Enchantements d'Ambremer et ses suites : un Paris du début 20e, une dose de magie, des dialogues enlevés, des personnages gouailleurs, un peu d'humour... Tout cela répond bien présent dans le cadre de cet album qui met en scène un groupe de trois braqueuses, qui n'ont pas leur langue, ou leurs armes, dans leurs poches.
Le rythme est soutenu, pas de doute, via de nombreuses péripéties - souvent spectaculaires, mais il faut aussi admettre que l'on a affaire avec Le Vol de la Sigillaire à un pur tome d'introduction : l'intrigue proprement dite démarre seulement une fois arrivés à la toute dernière planche (sur 46). De quoi nourrir une certaine frustration, d'autant que certains passages occupent peut-être parfois un peu trop d'espace pour ce qu'ils racontent concrètement. Difficile d'imaginer qu'un unique album, même de 64 pages par exemple, puisse bien entendu nous narrer toute l'histoire conçue ici par l'auteur, mais ça n'en est pas moins quelque peu regrettable.
Les dessins d'Etienne Willem ont pour eux d'avoir une véritable patte - même si la dimension un peu "cartoon", en particulier des personnages, ne plaira pas forcément à tout le monde - et la mise en couleur s'avère quant à elle efficace, même si sans surprise.
En soi, le tout forme une lecture agréable et les aficionados de Pierre Pevel y trouveront sans doute leur compte, en pestant d'impatience en attendant la suite. Pour d'autres lecteurs, notamment ceux qui ne sont pas familiers du Paris des Merveilles, ce goût de trop peu, que l'on ressent aussi avec des personnages qui n'ont pas encore tous trouvé le temps d'être développés au-delà d'un trait de caractère de base, pourrait dominer leurs impressions générales.
Bref, on en veut davantage, certes, mais surtout quelque chose de plus dense à la hauteur des romans que l'on apprécie tant !
— Goldberry