Prosper's Demon marque mes retrouvailles avec K.J. Parker - enfin, Tom Holt, puisque l'on connaît sa véritable identité désormais - après quelques années où j'avais perdu de vue l'auteur.
Une chose est sûre : il n'a pas perdu sa verve en chemin et sait comment nous divertir de façon aussi réjouissante qu'acerbe, ce qui est donc le cas présentement.
Précisons-le tout de suite, il ne s'agit pas pour autant d'une œuvre "majeure" (avec tous les guillemets du monde), mais sans doute d'une sorte de récréation pour lui, avec cette novella d'une toute petite centaine de pages (96 dans cette version française).
Il nous propose en tout cas un univers original - une variante de l'Europe de la Renaissance mais polythéiste, un protagoniste principal sans grande morale, des questions de bureaucratie comme de techniques de sculpture du bronze... Voilà un grand mélange qui s'avère rafraîchissant.
L'idée de départ est donc bonne, le choix de la période aussi (on aurait pu se retrouver dans un récit d'urban fantasy classique en diable avec un tel point de départ), le style enlevé, en particulier pour ce qui concerne les dialogues entre notre narrateur et ses "cibles"... On passe un bon moment, puis la fin s'impose au lecteur, brutalement. Il ne s'agit pas uniquement d'une question de format : on a tout de même l'impression qu'il manque quelque chose à l'ensemble pour conserver son équilibre de départ. Trop de mystères, peut-être ?
Pas de quoi bouder son plaisir malgré tout, d'autant qu'un peu de frustration n'a rien de désagréable. Il faut simplement en avoir conscience et pas faire preuve d'attentes démesurées. Divertissant... en diable, Prosper's Demon a tout à fait de quoi vous tenir en haleine. On espère même voir l'auteur revenir à cet univers. Mais avec un soupçon d'ambition plus affirmée pour se hisser au-delà du fort sympathique.
Mise à jour du 1er mai 2024 :
La traduction française arrive chez L'Atalante cette semaine.
— Gillossen