Un roman basé sur Le Labyrinthe de Pan, près de quinze ans après le film, en collaboration avec Cornelia Funke ? L'annonce d'un tel projet, à l'automne 2018, avait de quoi surprendre. Mais après tout, pourquoi pas ? L'univers du long métrage du réalisateur mexicain demeure toujours aussi fascinant au fil des visionnages et Funke est une autrice Jeunesse de référence.
Le résultat s'avère conforme à ce que l'on avait pu imaginer depuis : une histoire joliment écrite, aussi douce-amère que le film, avec parfois de petits ajouts qui contribuent à étendre le labyrinthe mais surtout à creuser davantage les personnages, à leur donner plus de corps, Ofelia en tête, bien que pas seulement la jeune fille. L'atmosphère à la fois lugubre et énigmatique transparaît de façon tout aussi réussie qu'à l'écran. On regrette en revanche que certains de ces ajouts se retrouvent comme abandonnés en cours de route, laissant le lecteur tout aussi perplexe que devant son écran. Bien sûr, conserver une part de mystère est important, pour ne pas dire nécessaire. Mais là, certains éléments sont avant tout frustrants, car prometteurs puis délaissés.
Toujours dans le petit jeu des comparaisons, le poids de l'histoire et de la magie se voit encore accentué dans le cadre du roman, apportant au récit une énergie vibrante et gratifiant les personnages, le faune en tête, d'une ambiguïté appréciable. Si l'on met de côté le capitaine Vidal, fidèle à son vis-à-vis sur pellicule.
Grâce à des thématiques fortes portées par une plume de qualité, évocatrice mais sans en faire trop, tout comme aux portraits tout en finesse de ses personnages, Le Labyrinthe de Pan s'avère tout simplement poignant, et tout aussi fort que le film sur ce plan, tandis que l'imagination des deux artistes déjà cités est en prime mise en valeur ici par les illustrations d'Allen Williams, heureusement conservées dans cette version française.
Des retrouvailles inattendues avec ce monde de contes de fées dignes des grands classiques, mais des retrouvailles et de nouveaux détours tout à fait estimables !
— Goldberry