Warrior of Altaii, à paraître dès le mois prochain en version française chez Bragelonne, n'est autre que le premier roman de Robert Jordan, exhumé par Tor Books.
Un constat s'impose très vite : aussi efficace soit-il par moments, aussi sincère soit-il du début à la fin, on sent bien qu'il s'agit justement d'une oeuvre de jeunesse pour l'auteur de La Roue du Temps (écrite en 13 jours selon la légende). D'ailleurs, nous sommes bien plus proches d'une ambiance à la Conan de ses débuts (n'oublions pas qu'il a écrit 6 romans dans ce registre) que du cycle majeur de Jordan. On se souviendra aussi qu'en 2003, l'auteur avait déclaré dans une interview qu'il ne voulait tout simplement pas voir ce manuscrit publié y compris après sa mort et qu'il comptait même le signifier noir sur blanc dans son testament. Même s'il a donc sûrement changé d'avis entre-temps.
Autant le dire tout de suite, il n'a pourtant rien de mortifiant (quoique, le résultat n'en est pas loin, parfois). Mais rien d'extraordinaire non plus, loin de là : des guerriers puissants et taciturnes, des femmes le plus souvent largement dévêtues, une bonne dose de violence et de magie, des méchants très méchants... Rien que du très (très) classique dans son approche du genre épique. Le rythme n'est pas particulièrement bien géré non plus, avec beaucoup d'à-coups et plusieurs deus ex machina dont un majeur sur la fin, qui apparaît forcément un peu facile, surtout rétrospectivement (Non pas que La Roue du Temps en manque à l'échelle de la saga tout entière, mais ils s'avèrent mieux emmenés, en général).
L'un dans l'autre, le roman reste plaisant à suivre, pour celles et ceux notamment qui aiment l'action brute, même si l'on ne s'implique jamais vraiment tout à fait dans le destin de ces personnages aux caractères et aux parcours vus et revus. Et sans se montrer bancale, l'aventure proposée ici pâtit de certains choix scénaristiques, quand des éléments parmi les plus intéressants ne sont finalement qu'effleurés.
Avouons que sans le nom de Robert Jordan en couverture, il n'est pas écrit que ce roman retienne l'attention de quiconque, n'incarnant rien de plus qu'un roman de jeunesse sympathique et tout à fait dispensable.
— Gillossen