La fantasy et les romans policiers étant les deux genres spécialistes des séries à rallonge, il n’est guère étonnant de voir une saga mélangeant allègrement ces deux thèmes développer des « tomes intercalaires ». En fait de « tome 5.5 », à caser chronologiquement entre Les Disparues de Rushpool et L’Arbre aux pendus, Peur sur la ligne est en réalité une novella d’une centaine de pages. Mais on le sait, ce n’est pas la taille qui compte, et Ben Aaronovitch le prouve admirablement ici.
Prenez tous les ingrédients d’un épisode « classique » du Dernier apprenti-sorcier, concentrez le tout dans un petit tiers du format habituel, et vous obtenez une enquête menée tambour battant et dans un style encore plus percutant qu’à l’ordinaire, format oblige. Après Murmures souterrains (tome 3, pour resituer), l’auteur revient ici à l’essence même de la fantasy urbaine en renvoyant Peter Grant et ses acolytes dans le métro, théâtre d’étranges apparitions ectoplasmiques en pleine heure de pointe.
Cet épisode bonus est l’occasion de réunir le casting des « gentils » au grand complet, même si certains ne font que passer. Les apparitions de Molly, aussi anecdotiques soient-elles, restent des moments d’anthologie, surtout dans le cadre de scènes domestiques impliquant également l’inspecteur Nightingale. Le personnage qui sort le plus du lot est toutefois Abigail, cousine de Peter et stagiaire autoproclamée de la Folie pendant les vacances scolaires. Trop peu exploitée dans les romans, l’adolescente, qui pousse la rébellion jusqu’à vouloir devenir meilleure que Cicéron en latin, pourrait bien représenter à elle seule le futur de la magie en Grande-Bretagne.
Sans être indispensable à la compréhension de l’histoire principale, cette novella possède une vraie consistance et permettra aux inconditionnels de la série de patienter un peu avant l’arrivée en français du tome 7.
— Saffron