Ah, tiens, un Empire !
Ce n'est pas votre serviteur qui va vous dire que ce n'est pas très original comme terme à utiliser dans un titre de roman. Mais trêve de plaisanterie.
L'Empire des Soleri est un premier tome - on attend la suite en langue anglaise - paru l'an passé en version originale. Ce n'est pas le premier roman de son auteur, un ancien architecte, mais sans doute le plus ambitieux, après un rapide coup d’œil à sa bibliographie. L'un des points positifs du roman, qui saute aux yeux assez rapidement, c'est précisément son ambition quant à l'univers déployé et les ramifications scénaristiques que cela implique. Si L'Empire des Soleri n'est pas forcément très long, il n'en demeure pas moins copieux. Et il règne indéniablement un certain souffle dans ces pages.
Mais, malheureusement, beaucoup de lieux par exemple ne vont pas au-delà de leur définition, tout comme de nombreux personnages ne vont jamais au-delà de la fonction qui leur a été assignée. Malgré une certaine âpreté en apparence, l'ensemble donne ainsi l'impression de rester très "propret". Rien ne dépasse. Et c'est dommage, car l'on sent bien que le roman a été pensé pour tenir en haleine le lecteur. Par moments, c'est le cas, mais le manque d'implication ressenti envers les personnages lui donnent surtout au bout du compte une dimension mécanique.
Serait-ce la faute en partie au style ? On peut se poser la question, car si l'on met de côté quelques descriptions évocatrices, la plume de Michael Johnston ne s'avère clairement pas son point fort. Lourdeurs, répétitions, dialogues empreints d'une certaine maladresse, qui donnent l'impression souvent de voir des acteurs trop raides sur scène... Certains personnages, comme la jeune Merit, ont beau posséder un certain capital sympathie, ils en pâtissent.
Par chance, s'inspirer de l'Egypte antique permet à l'auteur de prendre rapidement et facilement le lecteur par la main et si vous aimez les rebondissements, vous serez servis. Même s'il faut, là encore, tenir compte du revers de la médaille : après un début de roman engageant et avant une fin prenante, il faudra également composer avec un gros ventre mou.
Toutefois, si vous êtes prêts à faire preuve de mansuétude ou si l'univers vous emporte suffisamment, on retrouve de vrais morceaux de fantasy épique à picorer. En attendant peut-être le plat de résistance avec le tome 2 ?
Sympathique mais peut bien mieux faire et en attente de confirmation : tel sera notre verdict final.
— Gillossen