Un premier roman de fantasy épique mis en avant par Angry Robots, dynamique maison d'édition que l'on a appris à connaître ces dernières années de l'autre côté de la Manche par ses choix atypiques, voilà de quoi nous intriguer. The Traitor God est un titre qui fleure bon l'action et la magie débridées. Il constitue en fin de compte une bonne entrée en scène pour Cameron Johnston, son auteur. Plonger dans son roman, c'est un peu comme se retrouver manette en main devant God of War ou Devil May Cry (On peut d'ailleurs largement rapprocher son héros de Dante, celui de la saga "démoniaque" de Capcom). Autant dire que l'on ne s'ennuie pas ! Mais on retrouve malgré tout quelques défauts souvent propres aux premiers romans : principalement, dans le cas présent, une envie de trop bien faire (en soi, il n'y a bien sûr rien de mal à cela), qui finit par se retourner contre le texte lui-même, aussi bien au niveau de la forme que du fond.
Le style de l'auteur aurait ainsi gagné à se montrer plus épuré, alors que certains passages deviennent franchement ternes, la faute à une fâcheuse tendance à nous dire au lieu de montrer ce qui se passe. De même, comme s'il craignait de ne pas offrir assez au lecteur, Johnston surcharge peu à peu son intrigue principale, en particulier dans sa conclusion, d'éléments qui n'ajoutent à l'ensemble qu'une complexité de façade.
Il en résulte une drôle de sensation, celle d'osciller souvent entre passages enlevés et haletants, voire de véritables morceaux de bravoure, et des longueurs inutiles, qui rendent le tout parfois étonnamment plat malgré ce qui se passe sous nos yeux, même si l'on reste emporté par le rythme de l'ensemble, avec l'impression toutefois d'avoir abusé des bonnes choses.
Dommage, car l'auteur n'a pas forcément besoin de faire dans la longueur pour nous dépeindre un univers réussi ou une bande de personnages charismatiques, Eldrin en tête. Même si son héros, n'a rien de bien original en soi : on l'a dit, il rappelle le Dante de Devil May Cry, soit un personnage sombre et badass sûr de ses forces. Manque de pot, le sort semble surtout s'acharner sur lui ! Bref, un antihéros de plus, mais réussi.
C'est donc quand il reste concentré sur l'essentiel que The Traitor God s'avère le plus efficace et surtout le plus jouissif pour le lecteur. A noter qu'il s'agit là du premier roman situé dans cet univers. Avec un peu de pratique, Johnston a en mains de quoi largement transformer l'essai :
— Gillossen