Fraîchement débarqué à Londres depuis les lointaines Indes, Julius Khool, un vétéran au parcours bien rempli, se cherche une place comme domestique pour goûter enfin à une vie moins agitée. C’est ainsi qu’il entre au service de Carroll Mac Maël Muad, lui-même étudiant enchanteur d’une l’assiduité très relative, et que tous deux se retrouvent enrôlés pour prêter main-forte au Special Operation Service lors de l’opération « Sabines ». La dite opération consiste à ramener sur les terres britanniques un jeune savant vénitien, vaguement ami avec Carroll, auquel s’intéressent d’un peu trop près plusieurs puissances européennes, du fait de ses recherches sur l’atome.
L’histoire nous est racontée par Julius, et constitue la première incursion de son auteur dans le domaine de la fantasy. Le ton est un peu empesé, surtout au début, et bien que cela s’améliore par la suite, des maladresses et des lourdeurs persistent. Il y a toutefois de bons éléments : les personnages sont sympathiques et peuvent se prêter à divers développements ; l’univers uchronique, cohérent et bien construit, ne demande qu’à être exploré plus avant ; on sent au fond que l’auteur a pris soin de construire minutieusement cette Europe qui n’a jamais été et qu’il s’appuie sur des solides connaissances historiques.
L’intrigue elle-même n’est pas dénuée d’intérêt, mais peine parfois à trouver son rythme. Julius se laisse par moments aller à d’assez longues digressions sur ses expériences passées, qui créent dans certains cas une rupture de tempo avec celui de l’action. Certains développements ne paraissent d’ailleurs pas indispensables ou, du moins, ne pas mériter que l’on s’attarde autant dessus. L’ancien militaire n’en reste pas moins un narrateur agréable, qui, dans cette aventure du moins, peut faire passer Carroll pour un individu plus fade, tout à son rôle de jeune débauché oisif.
Opération Sabines reste donc un début de série encourageant, qui, malgré ses défauts, donne envie de revenir à cet univers et de découvrir les prochaines tribulations des deux énergumènes.
Il est malheureusement impossible de ne pas mentionner l’impressionnante quantité de coquilles qui émaillent l’ouvrage et le desservent nécessairement, ainsi que le relecteur crédité en début d’ouvrage. On trouve des virgules fautives en pagaille (pratiquement à chaque page, sans exagérer), des fautes non corrigées assez nombreuses, que cela relève de l’orthographe, de la grammaire ou de la typographie (verbes mal accordés, « ces » au lieu de « ses », ponctuation parfois erratique dans les dialogues,...). Dommage. Précisons également que la note tient compte de ce souci.
— Erkekjetter