Si vous connaissez Elbakin.net depuis longtemps, vous avez sûrement déjà croisé la silhouette d’Archibald. Mais après cinq saisons sur nos terres, le héros d’Emmanuel Chastellière a pris son envol pour renaître chez Scrinéo, sous la forme d’une aventure totalement inédite. Tout gamer vous le dira, un portage n’est pas toujours réussi, alors quid de Poussière Fantôme ?
Commençons par les quelques points négatifs. Poussière Fantôme est un roman assez court. C’est parfois un atout mais au vu du potentiel de l’univers et des personnages, ces trois cent cinquante pages laissent un tantinet le lecteur sur sa faim. Quelques chapitres en plus n’auraient pas été de trop, que ce soit pour nourrir le lecteur en détails, notamment sur la Poussière, ou lui permettre de prendre le temps d’apprécier la dynamique liant Archibald, Ezperanza et les autres. Cela a aussi une incidence légère sur la fluidité de quelques dialogues.
Mais au-delà de ces quelques réserves, Poussière Fantôme est un véritable page-turner, une bouffée de fun que l’on lit avec un plaisir non dissimulé (je m’excuse auprès de mes voisins dans les transports en commun). L’intrigue est bien menée et les péripéties s’enchainent à un rythme soutenu mais harmonieux. Mystère, humour et trouvailles horrifiques se côtoient joyeusement et créent une ambiance cohérente et équilibrée.
L’univers du roman est également maitrisé et l’on perçoit à la fois le potentiel encore à venir et tout le travail que l’auteur a pû faire en amont pour donner ainsi corps au monde d’Archibald. L’expérience de ses vies passées, sans doute. Mais la couleur particulière de Poussière Fantôme nait aussi de ses spécificités canadiennes. Le lieu du roman – tout comme les quelques spécificités langagières présentes - donnent une couleur particulière et rafraîchissante au récit.
On ne peut évoquer le roman sans évoquer son ton. L’humour est omniprésent et si faire rire est un exercice difficile, Emmanuel Chastellière y parvient avec une aisance qui apporte fluidité et légèreté à des dialogues tirés au cordeau. C’est efficace et cela contribue à rendre encore plus tangible et prégnant l’univers du roman et surtout les personnages.
Ces personnages ont d’ailleurs une force vitale qui leur est propre et ce petit « quelque chose » qui les rend attachants et tangibles. Ils ont tous une identité, un caractère décidé, et ce, sans pour autant tomber dans le cliché ou les poncifs du genre. Il est également fort appréciable et apprécié de découvrir des personnages affirmés dans leurs goûts, qu’ils soient vestimentaires ou culturels. De plus, ces références créent des ponts bienvenus entre le monde hors du livre et le roman.
Poussière Fantôme crée son propre sillon, jouant sur les références geek et des mystères que n’aurait pas renié le Scooby-Gang, tout en s’inscrivant dans un héritage fantasy revendiqué et assumé. Emmanuel Chastellière a su donner vie à un roman vivant, attachant, léger et fun, que l’on prend véritablement plaisir à lire.
Reste à espérer qu’une suite est à venir, il y a encore tant à explorer !
— Alethia