Troisième opus (ou plus exactement, première partie du troisième opus) pour notre Bâtard de Kosigan et ses compagnons, le Marteau des Sorcières change une nouvelle fois de cadre géographique et nous fait traverser le Rhin pour naviguer – en eaux troubles évidemment – du côté de l'empire germanique.
Cette fois-ci, notre héros va être directement confronté à la sinistre Inquisition et à ses méthodes brutales, rendant sa mission d'autant plus périlleuse, sa nature de sang mêlé l'exposant au risque d'être arrêté à tout moment. Et comme le bonhomme n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, cela nous offre quelques séquences savoureuses. A cet égard, la scène du banquet, construite de manière quasi cinématographique, est un modèle du genre, introduisant la plupart des personnages importants du récit : l'employeur, l'adversaire, l'inévitable Kosigan girl... et se concluant par un de ces coups d'éclat dont Kosigan a le secret.
Après cette scène d'exposition, Fabien Cerutti dose savamment ses effets et fait peu à peu monter la tension, machinations politiques, espionnage et sorcellerie constituant les ingrédients du cocktail imaginé par l'auteur, qui n'oublie pas de glisser quelques pointes d'humour irrévérencieuses çà et là.
Comme dans le volume précédent, il aère la narration et ajoute de l'épaisseur au récit en nous proposant quelques chapitres racontés du point de vue d'autres personnages, qui ont chacun leur voix propre : sarcastique et argotique pour Dunevia, matamore pour Gunthar, sobriété et efficacité pour Gérard de Rais.
Si la partie médiévale n'apporte pas de révélations fracassantes, la partie moderne en revanche marque des avancées significatives, et une partie du mystère s'éclaircit. La narration épistolaire, qui donnait dans le premier tome l'impression de couper le récit dans son élan, est de mieux en mieux intégrée. La deuxième partie du livre fait même monter délicieusement le suspense et si – format épistolaire oblige – on ressent moins d'intérêt pour les personnages contemporains que pour leurs homologues médiévaux, l'intrigue quant à elle est de plus en plus passionnante.
Les deux époques se concluent par un cliffhanger qui est la seule fausse note du livre... car il nous laisse dans l'attente de la suite !
Avec ce troisième tome, Fabien Cerruti nous offre un roman bien maîtrisé et à la narration efficace, qui nous dévoile quelques secrets, tout en gardant quelques munitions à la ceinture (ou dans le carquois, selon vos préférences) pour le quatrième volume.
— JohnDoe