Deuxième ouvrage des annales du Disque-monde, l'intrigue du huitième sortilège démarre directement là où s'était terminée La huitième couleur. Le lecteur y retrouvera donc les péripéties de Rincevent, Deuxfleurs et du bagage. Si les protagonistes parcourent une nouvelle fois de nombreux lieux, la structure du roman diffère du volume précédent, ne semblant plus constituer une succession de nouvelles. L'intrigue, centrée autour du sortilège errant dans la tête de Rincevent, d'une éventuelle fin du monde et accessoirement d'un antagoniste agaçant à souhait, aide à cela. L'aspect parodique est toujours au rendez-vous, de l'école confiseuse d'architecture aux druides expert-conseil en matériel informatique et certains passages pastichant des poncifs d'une certaine fantasy ne manquent pas de sel, telle la description d'Herrena la Harpie au Henné. Des personnages secondaires reviennent, gagnant en épaisseur -la Mort se distinguant une nouvelle fois- tandis que d'autres, promis à un brillant avenir, y font leurs premiers pas tel le bibliothécaire. Cohen le barbare, vieillard au dos contrarié et à la dentition absente offre lui un bel hommage à Robert E. Howard (encore que surtout à John Millius et Schwarzenegger) et quelques unes des meilleures répliques du roman. L'ensemble, sans être inoubliable, donne moins l'impression d'être une visite guidée d'un nouvel univers et l'humour y fait davantage mouche. Si elle mérite le coup d’œil des afficionados du cycle, cette conclusion des premières aventures de Rincevent n'en constitue pas l'entrée en matière la plus satisfaisante, ce premier panorama du Disque-monde souffrant clairement de la comparaison avec les tomes suivants.
— K