Après un premier tome de cette « seconde branche » fort bien maitrisé, Jean-Philippe Jaworski était attendu au tournant pour cette seconde partie, d’autant plus que la question du découpage des tomes provoque quelques débats chez les lecteurs. Alors qu’en est-il, une fois le dernière page du livre lue ?
Force est de constater que l’auteur maitrise toujours aussi bien la langue française. C’est un véritable plaisir que de suivre les aventures de Bellovèse, tant le verbe de l’auteur est enlevé et poétique. Là où le précédent tome faisait la part belle à l’action, celui-ci se veut plus posé, plus intime, à la fois dans le temps et l’espace. La majeure partie du roman se déroule dans un espace restreint, où semble se décider le sort de nombreux personnages et de nombreuses nations celtes. La part « fantasy » y est plus présente que dans les précédents volumes, la magie ayant ici une place prépondérante. Ce côté quelque peu méditatif n’échappe pas à certaines longueurs, qui soulèvent encore une fois la question du découpage. Peut-être n’aurait-il fallu que deux tomes pour cette branche, afin de gagner en dynamisme ?
Malgré tout, si le rythme se veut volontairement lent, l’histoire racontée par Bellovèse est toujours aussi intéressante. L’accent est ici mis sur son histoire, avec de nombreux flashbacks qui éclairent les zones d’ombre de son passé. On en apprend ainsi plus sur son mariage, ses premiers pas comme « seigneur », comment il a recruté ses ambactes. Les révélations ne manquent pas, et promettent beaucoup pour la suite. Les personnages secondaires, certains très attachants (comme Mapillos), d’autres machiavéliques (comme Prittuse), sont vraiment au cœur du roman, et lui donne une profondeur certaine.
L’univers créé par Jean-Philippe Jaworski est crédible, intriguant, mystérieux, magique et violent. Peu seront les lecteurs, une fois la lecture terminée, à ne pas s’imaginer se promenant dans ces mystérieuses forêts, ces vallées brumeuses et ces plaines herbeuses, vêtus d’un tartan la lance à la main, ou galopant sur un des nombreux chevaux qui parsèment l’intrigue.
Si il n’a pas la force d’impact de ses prédécesseurs, ce tome n’en est pas moins une réussite, une belle invitation au rêve, et surtout à lire la suite de ce qui s’impose déjà comme un classique de la fantasy française.
— gilthanas