Décidément, 2016 aura sonné comme une année très China Miéville du début à la fin !
Nous avons en effet déjà chroniqué This Census-Taker et The Last Days of New Paris du côté des parutions en langue anglaise et voilà que nous arrive en version française la traduction de son Railsea de 2012 (déjà !), traduit sous le titre de Merfer. Logique, tant le titre résume en un mot tout un univers.
Et nous voilà avec de quoi boucler l’année avec une autre facette de l'auteur, encore une.
Lorgnant du côté du roman Young Adult pour ce qui est de sa « cible » première et évoquant clairement au premier abord Moby Dick, référence évidente (mais on pense aussi à L’île au trésor de Stevenson par exemple) quant au fond, Merfer se révèle à la fois diablement prenant et tout à fait abordable.
C’est avant tout un roman d’aventure, toujours aussi malin au passage, car l’auteur ne renie pas ses racines. Des racines thématiques, car on pense souvent aux romans de l’univers de Bas-Lag en cours de lecture, mais sur le plan du style également. Miéville ne fait pas de concession question vocabulaire, rythme, etc… Il manie ainsi les mots avec son brio habituel et on peut saluer une fois encore le travail de Nathalie Mège, sa traductrice de longue date. L'auteur nous offre une lecture stimulante, à défaut d’être toujours menée à une cadence particulièrement soutenue, mais ce n’est pas là le véritable but de notre destination. Comme souvent, le voyage en lui-même compte davantage que celle-ci, et ce d'autant plus quand celui-ci nous propose un contenu aussi riche.
Comme toujours aussi avec lui, Miéville sait construire un univers, même quand ses bases prêtent à sourire ou du moins nous interpellent. Avec Miéville, les fondations sont là pour donner vie aux légendes. Et il sait peupler ces mondes de personnages hauts en couleur, qui ne manquent pas d’épaisseur, peu importe leur importance à l’échelle du roman entier. C’est encore le cas ici, à l'image de la capitaine Picbaie, distinguée il y a quelques semaines dans notre rubrique des Héros de la semaine.
Pour conclure, notons que dans le cadre de cette édition française, Fleuve Editions ne met pas en avant le catégorisation Young Adult de ce roman. On aurait tendance à s'en féliciter, car Merfer est à mettre entre toutes les mains.
— Gillossen