Avec Sangre, nous retrouvons l’équipe des Naufragés d’Ythaq à savoir Arleston (scénario) et Floch (dessins). Nous suivons les péripéties de Sangre, jeune enfant ayant survécu par miracle au massacre de sa famille. Recueillie dans un premier temps, elle est rejetée par la suite et grandit dans les rues, aidée par son loup et un étrange pouvoir capable d’arrêter le temps. Durant toutes ces années, une seule chose l’anime : le désir de vengeance.
La série est prévue en huit tomes et, à l’exception du tome introductif, chacun est centré sur la recherche et l’élimination d’un des individus responsables de la mort de la famille de Sangre. Ces derniers ont tous un physique et une caractéristique qui leur sont propres et donnent l’impression d’être des « boss de fin de niveau », sentiment renforcé par le découpage de la série (un « méchant » par tome).
La composition sociétale du monde de Sangre n’est pas très originale, pas plus que son architecture. La magie est par contre plus intéressante : elle ne peut se faire sans douleur, qu’il s’agisse de vous arracher les ongles pour vous tatouer les runes magiques directement sur les chairs à vif ou, dans le cas de l'héroïne, d’une cécité temporaire qui accompagne son étrange pouvoir d’arrêter le temps. Malgré tout, cet élément n’est que peu exploité pour le moment. Quand cela lui arrive la première fois, une fois qu’on lui a dit de quoi il en retournait, la jeune fille n’est pas plus choquée que cela, malgré son jeune âge. Pareillement, lorsqu’elle raconte sa vie dans la rue, elle raconte être restée trois jours aveugle après avoir utilisé son pouvoir sans préparation, mais il aurait été intéressant de voir comment elle s’en est sortie durant ce temps. Sauf si on est ici en présence d’un fusil de Tchekhov qui sera exploité plus tard.
La personnalité de l’héroïne, sans pitié et prête à tout, ne rentre pas dans les schémas habituels d’Arleston et constitue un point à mettre à l’actif du scénariste, tout comme l’absence de scènes racoleuses mettant en avant des créatures à la plastique et à la cambrure improbable. Peut-être faut-il y voir l’influence de Floch, qui avait très sobre à cet égard dans Les naufragés d’Ythaq. Heureusement d’ailleurs, étant donné que l’héroïne n’a que dix-sept ans.
Sangre s’avère être une bonne surprise, avec un début de série prometteur. Espérons que la suite soit à la hauteur, ce qui n’a pas toujours été le cas avec les précédentes productions du scénariste.
— Asavar